Résumé de la décision
Le litige concerne M. B..., qui avait initialement bénéficié de 23 points de nouvelle bonification indiciaire (NBI) par arrêté du 6 décembre 2002. Cette bonification a été retirée par un arrêté du 8 juillet 2009, décision annulée par le tribunal administratif de Poitiers le 7 novembre 2012. Cependant, un nouvel arrêté du 18 décembre 2013 a révoqué cette NBI avec effet rétroactif au 1er août 2009. Le tribunal administratif a rejeté les demandes de M. B... pour contester cet arrêté, mais la cour administrative d'appel de Bordeaux a annulé cette décision, ordonnant à l'État de verser des indemnités à M. B.... Le ministre de la Transition écologique a ensuite formé un pourvoi en cassation contre cette décision, tandis que M. B... a formulé un pourvoi incident.
La Cour administrative d'appel a reconnu la légitimité du ministre pour contester l’arrêt et a annulé la décision de cette cour, tout en rejetant les demandes indemnaires supplémentaires de M. B... pour absence de justifications adéquates.
Arguments pertinents
1. Délégation de signature : La Cour a jugé que la cour administrative d'appel de Bordeaux avait commis une erreur en considérant que la délégation de signature accordée à M. C..., directeur départemental des territoires, ne couvrait pas l’établissement de la liste des postes éligibles à la NBI. Cette décision repose sur l’appréciation des documents administratifs, en vertu desquels la délégation était en règle. Le ministre a, de ce fait, établi qu’"en estimant que la délégation de signature accordée par le préfet à M. C... ne lui permettait pas de signer l'arrêté... la cour a dénaturé les pièces du dossier".
2. Absence de justification indemnitaire : La Cour a également constaté que M. B... n'a pas fourni de preuves suffisantes pour soutenir ses demandes indemnitaire, justifiant le rejet de ses conclusions supplémentaires. Elle a ainsi observé qu'il "n'apportait pas de justifications à l'appui de ses conclusions indemnitaires autres que celles relatives à l'attribution de la nouvelle bonification indiciaire".
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes fondamentaux :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que les frais engagés par une partie sont à la charge de l'autre partie perdante. Dans cette affaire, la cour a appliqué ce principe pour justifier le rejet des demandes d’indemnisation de M. B..., le ministre de l'État n'étant pas la partie perdante.
- Loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 et Loi n° 91-73 du 18 janvier 1991 : Ces textes régissent l'organisation et le statut des fonctionnaires, en particulier en matière de bonification indiciaire, comme la NBI en question. La décision de la cour d’appel et du Conseil d'État s'écarte de l'esprit protecteur de ces lois en invalidant rétroactivement une attribution de droits.
Ainsi, la décision du Conseil d'État souligne l'importance de respecter les procédures administratives en matière de délégation de signature et de justifier tout préjudice lors d'une demande d'indemnisation. Les arguments changent le cours des décisions antérieures et illustrent la rigueur exigée dans les justifications des droits des fonctionnaires face aux décisions administratives.