Résumé de la décision
La commune de Toulon et la société Arts et Loisirs Gestion (ALG) ont contesté une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Toulon qui avait suspendu l’exécution d’un contrat d’exploitation de la salle de spectacles du Zénith de Toulon accordé à ALG. Cette décision a été contestée par la société Omega +, candidate évincée du contrat, qui a soulevé des moyens quant à la légalité de la procédure d’attribution. Le Conseil d'État a rejeté les pourvois de la commune et de la société ALG, confirmant que des doutes sérieux quant à la légalité du contrat ont été établis. Enfin, la commune a été condamnée à verser 3 000 euros à la société Omega + en vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Atteinte à l'intérêt de la société Omega + : Le juge des référés a conclu que l'attribution du contrat à une autre société portait une atteinte grave et immédiate aux intérêts de la société Omega +, même si celle-ci n’avait qu’une chance limitée d’obtenir le contrat. Cela souligne que l’impact sur les intérêts de la société évincée peut justifier une suspension sans condition d'une probabilité de succès a priori.
> "La seule circonstance que la société évincée n'avait qu'une chance de se voir attribuer le contrat ne faisait pas, par elle-même, obstacle à ce que l'attribution de celui-ci à une autre société fût regardée comme portant une atteinte grave et immédiate à ses intérêts."
2. Transparence et mise en concurrence : Le jugement a mis en évidence un manquement de la commune à ses obligations de transparence dans l'évaluation des offres, notamment par rapport au critère des "conditions économiques et financières". Ce manquement a contribué à créer un doute sérieux quant à la validité du contrat.
> "Il a pu, sans commettre d'erreur de droit, en déduire qu'était de nature à faire naître un doute sérieux quant à la validité du contrat le moyen tiré de ce que la commune avait, ce faisant, manqué à ses obligations de transparence et de mise en concurrence."
3. Rupture d'égalité entre les candidats : L’imprécision des informations sur le régime fiscal de la subvention a créé une rupture d’égalité entre les candidats, ce qui a également été pris en compte pour justifier la suspension.
> "L'imprécision des informations fournies par la commune sur ce point avait contribué à fausser l'évaluation des offres... et à créer une rupture d'égalité entre les candidats."
Interprétations et citations légales
L’article L. 521-1 du Code de justice administrative est central dans cette décision, en précisant les conditions sous lesquelles un juge des référés peut suspendre l’exécution d’une décision administrative. Selon cet article :
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 :
> "Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision."
L’interprétation de cet article met l'accent sur l’urgence et sur l’existence de doutes sérieux quant à la légalité, éléments qui ont été établis dans le présent cas.
En somme, la décision souligne l'importance d'une procédure de mise en concurrence transparente et rigoureuse, en particulier dans le cadre de contrats publics, pour garantir l'égalité de traitement entre tous les candidats. La condamnation de la commune à verser une somme à la société Omega + contribue à rappeler que les droits des candidats évincés doivent être protégés au travers des procédures légales appropriées.