Résumé de la décision
Dans le cadre d'une instance portée par la société Territoires 62, celle-ci conteste la conformité de l'article 67 de la loi n° 94-679 du 8 août 1994, qui stipule qu'une renonciation au paiement des intérêts moratoires dans le cadre des marchés publics est réputée non écrite. La société soutient que cette disposition méconnaît sa liberté contractuelle telle que garantie par l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Toutefois, le Conseil d'État a jugé que cette atteinte à la liberté contractuelle est justifiée par l'intérêt général de réduire les retards de paiement. Par conséquent, il a décidé qu'il n'y a pas lieu de renvoyer la question au Conseil constitutionnel, estimant que la question soulevée n'est pas nouvelle et ne présente pas un caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Liberté contractuelle : La société Territoires 62 argumente que l'interdiction de renoncer aux intérêts moratoires porte atteinte à sa liberté contractuelle. Le Conseil d'État répond que cette atteinte est justifiée par un intérêt général.
- Citation pertinente : "Cette atteinte, y compris lorsqu'elle s'applique à la conclusion d'une transaction, est justifiée par l'intérêt général qui s'attache à réduire les retards de paiement des collectivités publiques aux entreprises."
2. Caractère sérieux de la question : Le Conseil d'État estime que la question soulevée n'est pas nouvelle et qu'elle ne présente pas un caractère sérieux, ce qui justifie de ne pas la renvoyer au Conseil constitutionnel.
- Citation pertinente : "Il s'ensuit que la question soulevée, qui n'est pas nouvelle, ne présente pas un caractère sérieux."
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 sur le Conseil constitutionnel - Article 23-5 : Cet article précise les conditions dans lesquelles une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) peut être soulevée devant le Conseil d'État.
- Citation : "Le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé (...) à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'État (...)".
2. Loi n° 94-679 du 8 août 1994 - Article 67 : Cet article stipule que toute renonciation au paiement des intérêts moratoires dans le cadre des marchés publics est réputée non écrite, étendant son application aux clauses de renonciation conclues postérieurement à l'entrée en vigueur de la loi.
- Citation : "Dans le cadre des marchés publics... est réputée non écrite toute renonciation au paiement des intérêts moratoires exigibles."
Par conséquent, le Conseil d'État affirme que cette norme législative, malgré son impact sur la liberté contractuelle, est justifiée par des considérations d'intérêt général et cadre avec les objectifs de régulation des délais de paiement dans le secteur public. Ainsi, la décision confirme la primauté des objectifs d'intérêt public sur certaines libertés contractuelles au sein des marchés publics.