Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... B..., ressortissante tunisienne, a contesté une ordonnance du président de la 5ème chambre de la cour administrative d'appel de Marseille qui a rejeté sa requête en rectification d'erreur matérielle. Cette requête visait à corriger une assertion erronée selon laquelle sa demande d'aide juridictionnelle avait été rejetée, ce qui avait eu une incidence sur la recevabilité de sa demande d'appel, la présentant comme tardive. Le Conseil d'Etat a annulé l'ordonnance de la cour d'appel en constatant que l'erreur matérielle avait effectivement influencé la décision de la cour et a renvoyé l'affaire à la cour administrative d'appel de Marseille pour qu'elle soit réexaminée.
Arguments pertinents
1. Erreur matérielle et influence : Le Conseil d'Etat a reconnu que l'affirmation selon laquelle la demande d'aide juridictionnelle de Mme A... B... avait été rejetée le 24 avril 2017 était incorrecte et qu'elle avait exercé une pression sur la décision du président de la cour administrative d'appel de Marseille. La cour ne s'est pas donné la peine de remédier à l'absence d'action de l'avocat, ce qui aurait pu permettre de rendre la requête recevable. Cela est en contradiction avec l'obligation de garantir les droits d'une personne bénéficiant de l'aide juridictionnelle.
> "l'affirmation erronée (...) a eu une influence sur la décision de la présidente de la cour administrative d'appel de Marseille de rejeter sa requête d'appel pour tardiveté".
2. Mise en demeure de l'avocat : Le rapport souligne également l'obligation du juge d'intervenir pour s'assurer que le requérant bénéficie d'une représentation juridique adéquate, comme le stipule la loi sur l'aide juridictionnelle.
> "il appartient au juge, afin de garantir au requérant admis à l'aide juridictionnelle le bénéfice effectif du droit à l'assistance d'un avocat, de surseoir à statuer en mettant l'avocat désigné en demeure d'accomplir ses diligences".
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article R. 833-1 : Cet article permet à une partie d'introduire un recours en rectification d'erreur matérielle lorsqu'une décision est entachée d'une telle erreur et qu'elle influence le jugement.
> "lorsqu'une décision d'une cour administrative d'appel ou du Conseil d'Etat est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire devant la juridiction qui a rendu la décision un recours en rectification."
- Code de justice administrative - Article R. 222-1 : Cet article précise les pouvoirs des présidents de tribunal administratif et de cour administrative d'appel, notamment leur capacité à rejeter les requêtes manifestement irrecevables.
> "Les présidents de tribunal administratif et de cour administrative d'appel (...) peuvent, par ordonnance : / (...) 4° Rejeter les requêtes manifestement irrecevables...".
L'interprétation de ces articles par le Conseil d'Etat souligne l'importance de la précision dans le traitement des demandes d'appel et des recours en aide juridictionnelle, tout en garantissant que les droits fondamentaux des requérants sont préservés tout au long de la procédure judiciaire.