Résumé de la décision
La décision concerne une demande d'annulation par le syndicat UNSA-CCRF d'arrêtés du préfet de police datés de 2010 et 2019. Le Conseil d'État a jugé que les conclusions visant à annuler la décision implicite de rejet du Premier ministre étaient irrecevables, car celui-ci n'avait pas compétence pour annuler ces arrêtés. En ce qui concerne les demandes d'annulation des arrêtés du préfet de police, le Conseil d'État a également rejeté ces demandes comme étant manifestement irrecevables en raison du non-respect du délai de deux mois après leur publication. Par ailleurs, il a déclaré irrecevables les demandes d'injonction et les demandes de constatation d'abrogation d'un acte administratif, arguant que cette compétence n'incombe pas au juge administratif. En conséquence, la requête du syndicat est rejetée.
Arguments pertinents
1. Compétence du Premier ministre : Le Conseil d'État a conclu que "le Premier ministre n'étant pas compétent pour annuler des arrêtés du préfet de police", toute demande d'annulation par ce biais est vouée à l'échec. Cela montre l'importance de la compétence administrative appropriée.
2. Délais de recours : Les demandes d'annulation des arrêtés du préfet de police ont été rejetées car elles ont été enregistrées "plus de deux mois après leur publication". Cela souligne l'importance des délais de recours dans le contentieux administratif.
3. Injonction à l'administration : Concernant les injonctions, il est précisé que "en dehors des cas prévus par les dispositions des articles L. 911-1 et suivants du code de justice administrative, il n'appartient pas au juge administratif d'adresser des injonctions à l'administration". Ici, le Conseil d'État rappelle les limites de son pouvoir de réglementation face à l’administration.
4. Constatation d'abrogation : Le Conseil d'État déclare que "il n'appartient pas au juge administratif de constater l'abrogation d'un acte administratif", confirmant ainsi que la prise en compte ou l’abrogation d’un acte doit être réalisée par l'administration, et non par le juge.
Interprétations et citations légales
- Compétence du Premier ministre : Selon le Code de justice administrative - Article R. 311-1, le Conseil d'État précise que "le Premier ministre n'est pas compétent pour annuler des arrêtés du préfet de police", établissant le cadre de compétence pour diverses décisions administratives.
- Délais de recours : L'absence de demande dans le délai prévu, précisé par le Code de justice administrative - Article R. 421-1, conduit à la prescription de l'action, confirmant que le respect des délais est fondamental dans les procédures contentieuses.
- Injonction : Le Conseil d'État mentionne que "le juge administratif n'adresse des injonctions à l'administration que dans les cas prévus par les articles L. 911-1 et suivants", ce qui démontre les conditions strictes dans lesquelles des injonctions peuvent être formulées dans le cadre du droit administratif.
- Constatation d'abrogation : La décision qui stipule que "le juge administratif ne peut constater l'abrogation d'un acte administratif" s'appuie sur le principe de séparation des pouvoirs et sur la nécessité pour l'administration d'exercer ses prérogatives.
Cette analyse montre comment le Conseil d'État, par ses décisions, clarifie et redéfinit les rôles et les compétences au sein de l'administration publique, tout en insistant sur le respect des procédures et des délais dans le cadre contentieux.