Résumé de la décision
La société Chemkostav HSV, une entreprise slovaque, conteste des impositions fiscales supplémentaires (cotisations d'impôt sur les sociétés et retenue à la source) qui lui ont été appliquées par l'administration française sous prétexte qu'elle disposait d'un établissement stable en France. Le Tribunal administratif a partiellement donné raison à Chemkostav en déchargeant la société des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés et de retenue à la source. Toutefois, la cour administrative d'appel a annulé cette décision, rétablissant ces impositions. Chemkostav se pourvoit en cassation devant le Conseil d’État, qui a annulé l'arrêt de la cour d'appel, estimant que l'interprétation des conventions fiscales par la cour constituait une erreur de droit.
Arguments pertinents
La décision du Conseil d’État repose sur plusieurs arguments clés :
1. Interprétation des conventions fiscales : Le Conseil d'État souligne que les stipulations de la convention fiscale franco-tchécoslovaque doivent être interprétées de manière stricte. Il affirme que l'article 5, paragraphes 3 f), exclut la qualification d'établissement stable lorsque l'activité de l'entreprise se limite à des chantiers de construction ou de montage.
> "Les parties signataires ont entendu exclure l'existence d'un établissement stable lorsqu'une entreprise résidente d'un État contractant n'exerce, dans l'autre État contractant, qu'une activité de chantier de construction ou de montage."
2. Critique de l'approche de la cour d'appel : Le Conseil d’État critique la cour administrative d’appel pour avoir subordonné l'absence d'établissement stable à la condition que l'activité de l'entreprise aux divers chantiers ne soit pas caractérisée comme un unique chantier.
> "En jugeant que ces stipulations devaient être interprétées comme subordonnant l'absence d'établissement stable à la condition que l'activité de l'entreprise se limite à un unique chantier de construction ou de montage, la cour administrative d'appel a entaché son arrêt d'erreur de droit."
Interprétations et citations légales
La décision fait référence à plusieurs textes juridiques :
1. Convention fiscale franco-tchécoslovaque - Article 7 : Cet article stipule que les bénéfices d'une entreprise d'un État contractant ne sont imposables que dans cet État, sauf si un établissement stable est établi dans l'autre État.
2. Convention fiscale franco-tchécoslovaque - Article 5 : Précise la définition d'un "établissement stable" et les conditions d’exclusion liées aux activités de chantiers de construction ou de montage.
> "On ne considère pas qu'il y a établissement si : (...) f) L'activité de l'entreprise consiste en un chantier de construction ou de montage."
Cette approche révèle l'importance de la distinction entre les activités ayant la nature d'un chantier et celles qui pourraient constituer un établissement stable. En conséquence, le Conseil d’État a conclu que la société Chemkostav HSV ne disposait pas d'un établissement stable en France, justifiant ainsi l'annulation des cotisations en question.
Conclusion
En conclusion, le Conseil d’État a rappelé que l'interprétation des conventions fiscales doit respecter l'intention des États signataires, visant à éviter la double imposition tout en préventant des abus d'imposition. Par cette décision, il clarifie l'application des règles fiscales internationales en matière d'établissement stable, renforçant la protection des entreprises contre des impositions injustifiées lorsqu'elles se limitent à des chantiers de construction.