Résumé de la décision
La société Foncière Inea, ayant opté pour le régime fiscal des sociétés d'investissements immobiliers cotées, a été soumise à une vérification de comptabilité par l'administration qui a inclus les gains des cessions immobilières de 2011 et 2012 dans le calcul de sa valeur ajoutée, entraînant des suppléments de cotisation. Après le rejet de ses réclamations par le tribunal administratif de Montreuil, la société a porté l'affaire en appel, mais la cour administrative d'appel de Versailles a également rejeté sa demande. La société s’est alors pourvue en cassation. La décision a abouti à l'annulation de l'arrêt de la cour administrative d'appel et du jugement du tribunal administratif, déchargeant la société des suppléments de cotisation et condamnant l'État à verser 4 500 euros à Foncière Inea.
Arguments pertinents
1. Inexacte qualification juridique :
La cour a considéré que les gains de cession d'immeubles étaient résultant de l'activité normale et courante de Foncière Inea, en se basant sur des éléments comme les états financiers. Cependant, l'arrêt a été critiqué pour avoir omis d'établir une stratégie de vente régulière des biens et si ces cessions représentaient structurellement les recettes de la société.
> « … la cour a donné aux faits de l'espèce une inexacte qualification juridique. »
2. Droit à la décharge :
La décision mentionne que l'administration n'a pas réussi à démontrer que les cessions faisaient partie intégrante du modèle économique de l'entreprise pour justifier les impositions, ce qui ouvre la voie à la société de revendiquer sa décharge.
> « … il résulte de ce qui a été dit au point 3 que cette société est fondée à soutenir que c'est à tort que, par le jugement du 18 décembre 2017... le tribunal administratif... a rejeté sa demande de décharge. »
Interprétations et citations légales
1. Article 1586 sexies du code général des impôts :
Cet article stipule que la valeur ajoutée servant de base à la cotisation est calculée comme la différence entre le chiffre d'affaires et les charges. Il inclut les plus-values de cession d'immobilisations comme produits, à condition qu'elles se rapportent à une activité normale et courante.
> Code général des impôts - Article 1586 sexies : «...les plus-values de cession d'immobilisations corporelles et incorporelles, lorsqu'elles se rapportent à une activité normale et courante. »
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative :
Cet article permet de condamner l'État à payer des frais de justice à la partie qui gagne son recours, ce qui a été appliqué ici en faveur de Foncière Inea.
> Code de justice administrative - Article L. 761-1 : «...la somme de 4 500 euros à verser à la société Foncière Inea au titre des dispositions de l'article L. 761-1... »
Cette décision montre l'importance de justifier chaque élément de la stratégie économique des entreprises lors de l’évaluation de leur imposition, mettant en lumière l'exigence d'éléments probants pour corroborer le modèle économique présenté.