Résumé de la décision
La commune d'Aix-en-Provence a mis à disposition de Mme C... un logement de fonction adjacent à l'école élémentaire de Cuques. À la suite de l’intégration de celle-ci dans le corps des professeurs des écoles en septembre 2014, elle a été informée qu'elle pourrait continuer à occuper ce logement moyennant un loyer. Toutefois, en 2015, la commune a décidé d'assigner le logement à M. B..., directeur de l'école élémentaire, entraînant ainsi une mise en demeure pour que Mme C... quitte les lieux. Après avoir refusé de partir, Mme C... a été confrontée à une décision d'expulsion, qui a été rejetée par le juge des référés du tribunal administratif de Marseille. La commune a alors obtenu l’annulation de cette ordonnance en cassation, conduisant à l'ordre d'évacuer Mme C... et à la mise en place d'une astreinte de 100 euros par jour en cas de retard.
Arguments pertinents
1. Compétence juridictionnelle : Le juge a décidé que le litige relevait de la compétence de la juridiction administrative en considérant que le logement occupé par Mme C... était manifestement une dépendance du domaine public. Cette conclusion repose sur l'analyse des faits où il a été déterminé que le logement était situé dans l'enceinte scolaire. "Le logement occupé par Mme C..., qui est situé dans l'enceinte scolaire [...] n'est pas manifestement insusceptible d'être qualifié de dépendance du domaine public."
2. Nature précaire de la décision d'occupation : La décision précisant que le logement pouvait être occupé était, selon le juge, précaire et révocable. Il a souligné que la commune pouvait à tout moment retirer cette autorisation. La décision du maire de 2014 ne conférait pas de droits durables à Mme C... : "Une décision relative à l'occupation du domaine public est précaire et révocable et peut être abrogée à tout moment."
3. Caractère d'urgence : Le juge des référés a reconnu que la présence de Mme C... empêchait l'occupation du logement par M. B..., ce qui justifiait d'agir dans l'urgence : "Le maintien sur les lieux de Mme C... fait obstacle à l'occupation du logement [...] qui a, de ce fait, droit à un logement de fonction."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-3 du Code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures utiles en cas d’urgence, sans attendre une décision administrative préalable : "En cas d'urgence et sur simple requête [...] le juge des référés peut ordonner toutes autres mesures utiles." Cette disposition a été mise en avant pour justifier la prise de mesures rapides concernant la situation de Mme C....
2. Article L. 212-5 du Code de l'éducation : Cet article, mentionné dans le contexte de Mme C..., stipule que seuls les instituteurs peuvent bénéficier d'un logement ou d'une indemnité representant un logement. Le passage de son statut a conduit à la révocation de son droit d'occupation, soulignant la législation qui encadre strictement les droits de logement des enseignants.
3. Constatation sur la prérogative administrative : La décision de mettre fin à l'occupation par Mme C... n'était pas seulement une formalité ; elle se fondait sur la reconnaissance par le juge que la décision du maire n’établissait pas des droits indéfectibles pour Mme C..., basée sur le caractère précaire des autorisations d’occupation du domaine public.
En conclusion, le jugement réaffirme la nature précaire des occupations au titre du domaine public tout en mettant en avant les droits des employés de l'éducation nationale pour se voir attribuer un logement lorsque cela est nécessaire, tout en respectant le principe que de telles décisions administratives peuvent être révoquées.