Résumé de la décision
Cette décision rendue par le Conseil d'État en réponse à une demande du tribunal administratif de Montreuil aborde la question de l'effet d'une déclaration d'inconstitutionnalité sur les délais de réclamation fiscale. Le Conseil analyse principalement les implications d'une décision du Conseil constitutionnel sur les droits à réclamation des contribuables, en spécifiant que la déclaration d'inconstitutionnalité ne constitue pas, en soi, un événement déclencheur d'un nouveau délai pour contester une imposition. Le Conseil précise également que seules les décisions ou événements ayant un impact direct sur le principe de l'imposition peuvent conduire au réouverture de ces délais.
Arguments pertinents
1. Nature de l'inconstitutionnalité : Le Conseil d'État souligne que, bien que les décisions du Conseil constitutionnel aient un impact majeur sur l'application des lois fiscales, elles ne doivent pas être considérées comme des événements déclencheurs pour le renouvellement des délais de réclamation. En effet, "la déclaration d'inconstitutionnalité doit, en principe, bénéficier à l'auteur de la question prioritaire de constitutionnalité".
2. Limitiation par la Constitution : Le Conseil d'État rappelle que selon l'article 62 de la Constitution, le Conseil constitutionnel a le pouvoir de fixer les conditions dans lesquelles les effets d'une disposition déclarée inconstitutionnelle peuvent être remis en cause, ce qui se limite souvent à la date de publication de la décision.
3. Implications sur le délai de réclamation : Le Conseil d'État clarifie que seul le Conseil constitutionnel est habilité à déterminer si les effets produits par une disposition inconstitutionnelle doivent être remis en cause et à quelles conditions. Ainsi, il est éloigné de la possibilité pour un contribuable de réclamer une révision sur la base d'une déclaration d'inconstitutionnalité.
Interprétations et citations légales
1. Conditions d'abrogation : L'article 62 de la Constitution stipule : "Une disposition déclarée inconstitutionnelle [...] est abrogée à compter de la publication de la décision du Conseil constitutionnel". Cette disposition définit que l'abrogation prend effet à partir de la publication et non avant, ce qui fixe la limite temporelle dans laquelle les réclamations peuvent être faites.
2. Recours fiscal : Selon le Code général des impôts - Article L. 190, les seules décisions qui peuvent donner lieu à un nouveau délai de réclamation sont prévues comme suit : "Sont instruites et jugées selon les règles du présent chapitre toutes actions tendant à la décharge ou à la réduction d'une imposition ou à l'exercice de droits à déduction ou à la restitution d'impositions indues". Par rapport à cela, le Conseil conclut que les décisions du Conseil constitutionnel ne font pas partie de ce qui pourrait être considéré comme représentant une "non-conformité" ouvrant un nouveau délai.
3. Événements constitutifs de délais de réclamation : Enfin, l'article R. 196-1 du livre des procédures fiscales mentionne, que "ne constitue pas un tel événement une décision juridictionnelle ou un avis mentionné [...]". Cette mention est cruciale car elle exclut les effets de la déclaration d'inconstitutionnalité des événements susceptibles de déclencher un nouveau délai de réclamation, renforçant ainsi la position du Conseil d'État dans cette affaire.
En résumé, la décision met en exergue le cadre constitutionnel et légal qui régit les interactions entre les décisions du Conseil constitutionnel et le droit fiscal, posant des limites claires aux recours des contribuables face à la législation fiscale impactée par une décision d'inconstitutionnalité.