Résumé de la décision
Le ministre de la culture a contesté la conformité à la Constitution de certaines dispositions du code du patrimoine, notamment l'article L. 524-7, en raison de l'égalité devant la loi et des charges imposées aux entreprises d'extraction de sables sous-marins. Toutefois, le Conseil d'Etat a jugé que ces dispositions, bien qu'initialement validées par une précédente décision du Conseil constitutionnel, avaient subi des modifications significatives depuis lors. Par conséquent, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a été posée au Conseil constitutionnel pour évaluer la conformité de ces dispositions à la Constitution.
Arguments pertinents
1. Applicabilité au litige : Le Conseil d'Etat a affirmé que les dispositions contestées sont pertinentes pour le litige soumis à la cour administrative d'appel de Nantes, ce qui respecte la première condition de renvoi à la QPC.
2. Modification substantielle des textes : Bien que les dispositions du II de l'article L. 524-7 aient été historiquement validées, les changements des articles de loi qui ont été introduits ultérieurement (lois de 2004 et 2009) ont été jugés significatifs : "les dispositions contestées sont ainsi différentes de celles qui ont fait l'objet de la décision du Conseil constitutionnel en date du 31 juillet 2003".
3. Question de constitutionnalité sérieuse : Le Conseil a reconnu que les dispositions pourraient constituer une atteinte au principe d'égalité devant les charges publiques, ce qui présente un caractère sérieux et justifie le renvoi au Conseil constitutionnel : "le moyen tiré de ce que ces dispositions portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution".
Interprétations et citations légales
1. Article 23-4 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 : Cet article stipule les critères de renvoi d'une question de constitutionnalité. Il précise que lorsqu'une juridiction transmet une question, celle-ci doit respecter certaines conditions : "la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure", qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme, sauf changement des circonstances, et que la question soit nouvelle ou sérieuse.
2. Code du patrimoine - Article L. 524-7 : Cet article institue une redevance d'archéologie préventive et précise que "lorsqu'elle est perçue sur des travaux visés aux b et c de l'article L. 524-2, son montant est égal à 0,50 € par mètre carré". Cela implique une charge pour les travaux sous-marins, qui pourrait être considérée comme excessive selon les situations de différents acteurs (comme le soutient la société Les Sablières de l'Atlantique).
3. Principes de droit : Les principes d'égalité devant la loi et d'égalité devant les charges publiques sont constitutifs du cadre juridique français, garantis par la Constitution. En cas de doute sur leur respect, cela engage la responsabilité du Conseil constitutionnel d'examiner la compatibilité des lois avec ces principes, comme le souligne la jurisprudence antérieure, notamment dans la décision n° 2003-480 DC.
En concluant sur ces points, la décision témoigne d'une vigilance nécessaire pour garantir que les modifications législatives ne violent pas les principes fondamentaux garantis par la Constitution, tout en respectant l'évolution des contextes juridiques et environnementaux dans lesquels les lois s'appliquent.