Résumé de la décision
La société WB Ambassador, appartenant à un groupe fiscal intégré, contestait un arrêt de la cour administrative d'appel de Paris qui avait confirmé une décision du tribunal administratif rejetant sa demande de rétablissement d'un déficit reportable et de décharge de suppléments d'impôt sur les sociétés. L'administration fiscale avait réintégré une partie des intérêts des emprunts intra-groupes utilisés par la société, estimant que le taux d'intérêt appliqué n'était pas celui qui aurait été consenti par des organismes financiers indépendants dans des conditions analogues. La décision rendue par le Conseil d'État annule cet arrêt et renvoie l'affaire devant la cour administrative d'appel, condamnant l'État à verser 3 000 euros à la société WB Ambassador.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit : Le Conseil d'État a conclu que la cour administrative d'appel avait commis une erreur de droit en excluant que la société puisse justifier le taux d'intérêt appliqué par référence aux rendements d'émissions obligataires d'entreprises dans des conditions économiques semblables. Ainsi, la société est fondée à demander l'annulation de l'arrêt attaqué sans avoir besoin d'examiner d'autres moyens de son pourvoi.
Citation pertinente : "Il résulte de ce qui a été dit au point 3 ci-dessus qu'en excluant qu'une société [...] puisse se prévaloir [...] du rendement d'émissions obligataires [...] la cour a commis une erreur de droit."
2. Charge de la preuve : La société emprunteuse a la charge de prouver le taux qu'elle aurait pu obtenir auprès d'établissements indépendants, ce qui peut être fait par tout moyen, y compris en se basant sur des références de marché comme les rendements obligataires.
Citation pertinente : "L'entreprise emprunteuse [...] a la faculté d'apporter cette preuve par tout moyen."
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a principalement appliqué les dispositions du Code général des impôts concernant les intérêts déductibles. Voici les principaux articles cités et leurs interprétations :
- Code général des impôts - Article 212 : Cet article stipule que les intérêts afférents aux sommes mises à disposition d'une entreprise par une entreprise liée sont déductibles dans certaines limites, notamment selon le taux que l'emprunteuse aurait pu obtenir d'établissements financiers indépendants, ce qui inclut le principe de détermination du taux basé sur les conditions de marché.
- Code général des impôts - Article 39 : Cet article détaille les principes d'établissement du bénéfice net sous déduction de toutes charges, y compris les intérêts, et précise que ces derniers peuvent être déductibles dans les limites fixées et selon des taux spécifiques.
L’interprétation est que, pour évaluer le taux d'intérêt que la société aurait pu obtenir auprès d'un organisme financier indépendant, il est possible de se référer, lorsque pertinent, à des indices tels que le rendement d'emprunts obligataires, ce que la cour d’appel avait initialement écarté, entraînant ainsi une mauvaise application du droit fiscal.
Citation juridique pertinente : "Le taux que l'entreprise emprunteuse aurait pu obtenir [...] s'entend [...] du taux que de tels établissements [...] auraient été susceptibles [...] de lui consentir pour un prêt présentant les mêmes caractéristiques dans des conditions de pleine concurrence."
Cette décision du Conseil d'État clarifie donc le droit applicable en matière de déduction d'intérêts dans les transactions intra-groupes, en soulevant l'importance de l'analyse comparative dans la détermination des taux d'intérêt.