Résumé de la décision :
La Cour a examiné la requête de Mme C..., qui contestait un jugement du tribunal administratif de Lille annulant les résultats des élections municipales à Eringhem, organisées le 28 juin 2020. Le tribunal avait conclu que la diffusion d'un tract diffamatoire mettant en cause l'honorabilité de M. Y..., un candidat non élu, avait altéré la sincérité du scrutin. La Cour a rejeté la requête de Mme C..., confirmant ainsi l'annulation du second tour des élections. Elle a également décidé que M. Y..., n'étant pas la partie perdante, ne serait pas contraint de payer les frais d'instance.
Arguments pertinents :
1. Erreur de plume : La Cour a relevé qu'une erreur concernant la désignation des élections dans le jugement attaqué n'affecte pas la régularité de la décision. Comme indiqué : « l'erreur de plume... est sans incidence sur la régularité du jugement attaqué. »
2. Sincérité du scrutin : La Cour a confirmé que la diffusion d'un tract diffamatoire, en raison de son contenu et de son timing, a eu un impact sur la sincérité du scrutin, en renforçant les conclusions du tribunal qui soulignait le faible écart de voix entre les candidats. Elle a noté que le jugement était « suffisamment motivé » en ce qui concerne le caractère diffamatoire et son impact sur l'électorat.
3. Polémique électorale : La décision repose également sur l'article L. 48-2 du Code électoral, qui interdit la diffusion d'éléments nouveaux de polémique électorale à l'approche de l'élection, afin de garantir une réponse utile des adversaires. La Cour a conclu que le tract diffusé n’a pas permis à M. Y... de se défendre efficacement.
Interprétations et citations légales :
1. Code électoral - Article L. 48-2 : Cet article interdit à tout candidat de porter à la connaissance du public un élément nouveau de polémique électorale à un moment tel que ses adversaires n’aient pas la possibilité d’y répondre utilement avant la fin de la campagne électorale. La Cour note que le tract «...a été diffusé auprès des habitants de la commune d'Eringhem à l'approche du second tour...» ce qui contrevient à cette disposition.
2. Impact sur la sincérité du scrutin : La Cour a également interprété l'impact du tract dans le cadre d'une élection avec un très faible écart de voix, indiquant que « la diffusion de ce tract a ainsi constitué une manoeuvre qui... a été de nature à altérer la sincérité du scrutin. » Ici, le jugement s'appuie sur le principe fondamental de la protection de la sincérité des processus électoraux.
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : La décision stipule également que M. Y..., n'étant pas la partie perdante, ne supportera pas les frais de la procédure. Selon cet article, « Les dispositions de l'article L. 761-1... font obstacle à ce que soit mis à la charge de M. Y..., qui n'est pas la partie perdante... ». Cela souligne la règle selon laquelle les frais d'instance doivent être supportés par la partie qui succombe.
Dans l'ensemble, cette décision illustre l'importance de la régularité des élections et l'application stricte des règles de campagne électorale pour assurer un processus démocratique équitable.