Résumé de la décision
Dans cette affaire, le 3 octobre 2006, un permis de construire a été délivré à la SCI Les Jardins du Roc pour la construction de plusieurs gîtes par le maire de Charras, mais ce permis a été annulé par la cour administrative d'appel de Bordeaux le 31 mars 2009. Après qu'une carte communale a été établie, un nouveau permis a été accordé en juin 2010, qui a également été contesté par Mme B... Ce dernier a été reconnu valide par la cour administrative d'appel en 2014, mais le pourvoi en cassation de Mme B... a conduit à l'annulation de cet arrêt. La cour a requalifié la décision initiale en relevé d'erreurs de procédure, notamment sur l'absence de preuve concernant les distances de construction, et a ordonné à l'État de verser 2 000 euros à Mme B..., tout en annulant l'arrêt contesté et en renvoyant l'affaire à la cour d'appel de Bordeaux.
Arguments pertinents
Le jugement est fondé sur plusieurs arguments clés portant sur la dénaturation des faits et des preuves :
1. Sur la nécessité d'un avis conforme : La cour a écarté le moyen selon lequel le projet de construction devait être soumis à un avis conforme de l'architecte des bâtiments de France. La SCI Les Jardins du Roc prétendait que la distance entre sa construction et celle de Mme B... était de 534 mètres, mais cette affirmation, non étayée par des documents, n’a pas été suffisamment vérifiée par la cour.
2. Preuve documentaire contradictoire : La cour n’a pas considéré le plan fourni par Mme B..., qui indiquait une distance inférieure à 500 mètres, comme un élément probant. Cela souligne une erreur dans l’appréciation de la valeur probante des documents, ce qui a conduit à la conclusion erronée qu'il n’y avait pas de contestation utile.
> "La cour administrative d'appel, en estimant, sans se prononcer sur la valeur probante de ce dernier document, que Mme B... ne contredisait pas utilement l'affirmation de la SCI [...] a dénaturé les pièces de celui-ci."
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes législatifs clés, notamment :
- Code du patrimoine - Article L. 621-30-1 : Cet article impose une procédure visant à préserver le patrimoine en veillant à ce que certaines constructions soient soumises à un avis conforme, ce qui est essentiel lorsque la construction projetée se situe à proximité d'un site protégé.
- Code de l'urbanisme - Article R. 421-38-4 : Il est spécifié que les constructions doivent respecter des distances minimales par rapport aux limites des propriétés adjacentes, ce qui pose la question de la légalité des permis de construire en fonction de ces distances.
La cour souligne l'importance de la rigueur dans l'évaluation des mémoires présentés, tant par l'administration que par les parties en litige, et rappelle que "la distance séparant [...] et la construction projetée la plus proche" doit être prouvée de manière tangible.
Cette décision met non seulement en lumière des erreurs de procédure, mais également la nécessité de respecter les principes fondamentaux de la justice administrative, à savoir l’examen minutieux des éléments de preuve qui fondent les décisions administratives. Cela renforce la protection des droits des tiers face aux projets urbains et à leur encadrement légal.