Résumé de la décision
La décision concerne une demande formulée par le ministre de l'intérieur visant à mettre fin à la suspension de l'exécution des arrêtés préfectoraux relatifs à la composition et à la répartition des sièges du conseil de la métropole d'Aix-Marseille-Provence. Cette suspension avait été ordonnée par le Conseil d'État en décembre 2015 en raison d'une question prioritaire de constitutionnalité portant sur la légalité d'une disposition d'un article du code général des collectivités territoriales. Toutefois, le Conseil constitutionnel a déclaré cette disposition conforme à la Constitution, ce qui a conduit le Conseil d'État à statuer en faveur de la demande du ministre, mettant ainsi fin à la suspension.
Arguments pertinents
1. Doute sérieux sur la légalité : La décision du Conseil d'État repose sur le principe établi par l'article L. 521-1 du code de justice administrative, qui permet de suspendre l'exécution d'une décision administrative lorsque l'urgence et un doute sérieux quant à la légalité de la décision sont établis. Dans ce cas, le doute découlait de la question de constitutionnalité en lien avec l'article L. 5211-6-1.
> "Le juge des référés, saisi... peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision." (Code de justice administrative - Article L. 521-1)
2. Conformité à la Constitution : Le Conseil constitutionnel ayant déclaré conforme à la Constitution les dispositions contestées, il n'est plus justifié de maintenir la suspension évoquée.
> "Par sa décision n° 2015-521/528 QPC... le Conseil constitutionnel a déclaré conforme à la Constitution les dispositions du 4° bis du IV de l'article L. 5211-6-1 du code général des collectivités territoriales."
3. Urgence de la mise en œuvre : Le ministre de l'intérieur a également mis en avant l'urgence liée au fonctionnement normal des organes de la métropole, justifiant ainsi la levée de la suspension.
> "Il y a urgence... à mettre les organes de la métropole d'Aix-Marseille-Provence en situation de fonctionner dans des conditions normales."
Interprétations et citations légales
L'application des articles L. 521-1 et L. 521-4 du code de justice administrative a été centrale pour la décision. L'article L. 521-1 nécessite que la situation d'urgence et le doute sérieux sur la légalité des décisions soient établis avant toute suspension. Ici, le Conseil d'État a répondu à ces critères dans un premier temps, mais, suite à la décision du Conseil constitutionnel, ces éléments ne sont plus valables.
- Code de justice administrative - Article L. 521-1:
> "Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés... peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision... lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision."
- Code de justice administrative - Article L. 521-4:
> "Saisi par toute personne intéressée, le juge des référés peut, à tout moment, au vu d'un élément nouveau, modifier les mesures qu'il avait ordonnées ou y mettre fin."
En somme, cette décision illustre la façon dont le Conseil d'État équilibre les exigences d'urgence et de légalité à travers la notion de doute sérieux, et met en lumière l'importance des décisions du Conseil constitutionnel comme éléments déterminants dans le traitement des contentieux en matière de droit administratif.