Résumé de la décision
M. A... a contesté un arrêté du ministre de l'Intérieur l'assignant à résidence, estimant que cette mesure portait atteinte à sa liberté d'aller et venir de manière grave et manifestement illégale. Il a demandé au juge des référés du Conseil d'État d'ordonner la suspension de cet arrêté, d'admettre à titre provisoire sa demande d'aide juridictionnelle et de mettre à la charge de l'État une somme de 2 000 euros pour frais de justice. Toutefois, le juge a déclaré la requête irrecevable, constatant que l'arrêté avait cessé d'être applicable, et a ainsi rejeté l'ensemble des demandes de M. A....
Arguments pertinents
1. Cessation des effets de l'arrêté : Le juge a relevé que l'arrêté du 12 décembre 2015, sur lequel se fondait l'assignation à résidence de M. A..., avait cessé d'être applicable le 25 février 2016, à minuit, suite à la fin de la prorogation des mesures d'état d'urgence. Cela rendait toute contestation en appel sans objet.
- Citation juridique : "les mesures prises sur le fondement de la prorogation prononcée par la loi du 20 novembre 2015 ne peuvent être prolongées sans être renouvelées".
2. Irrecevabilité de l'appel : Le juge a souligné que l'appel interjeté par M. A... n'a été enregistré que le 3 mars 2016, soit après la cessation des effets de l'assignation à résidence, rendant ainsi son appel irrecevable.
- Citation juridique : "l'appel de M. A... est dépourvu d'objet et donc irrecevable".
3. Refus d'aide juridictionnelle : Par le biais des circonstances susmentionnées et l'irrecevabilité de la requête, le juge a également décidé qu'il n'était pas nécessaire d'admettre M. A... à titre provisoire au bénéfice de l'aide juridictionnelle.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes législatifs importants :
- Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale en cas d'atteinte grave et manifestement illégale. Cette base légale est essentielle pour le justifier d'examiner des demandes urgentes, mais ici, elle a été jugée inapplicable en raison de la cessation d'effet de l'arrêté contesté.
- Code de justice administrative - Article L. 522-3 : Cet article permet au juge des référés de rejeter une requête manifestement infondée ou irrecevable sans instruction contradictoire. Il a été utilisé pour soutenir la décision de rejeter la demande de M. A... sans prolonger une procédure inutile.
- Loi n° 55-385 du 3 avril 1955 : Relative à l'état d'urgence, cette loi a marqué le cadre légal de l'assignation à résidence. Le juge rappelle que les mesures prises ne peuvent être prolongées indéfiniment, ce qui souligne l'importance du respect de la légalité des procédures administratives.
En somme, la décision établit clairement que les actions de l'autorité administrative doivent se conformer à des délais juridiques stricts pour maintenir leur validité, et rappelle que l'irrecevabilité d'une demande peut découler de la cessation de l'objet de la contestation. Les principes d’urgence et de protection des libertés fondamentales sont donc subordonnés à la légalité et à la réalité des mesures en vigueur.