Résumé de la décision
M. A...B... a saisi le Conseil d'État pour obtenir plusieurs mesures à la suite d'un retard dans le renouvellement de son titre de séjour et de son titre de voyage à Mayotte. Il a demandé au juge des référés d'enjoindre au préfet de Mayotte de lui remettre un récépissé d'enregistrement de sa demande de renouvellement dans les vingt-quatre heures, ainsi qu'un nouveau titre de voyage dans un délai de huit jours, sous peine d'astreinte. Il a également demandé une indemnisation à l'État en vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Cependant, le ministre de l'intérieur a informé le requérant, par un courrier, qu'une suite favorable à sa demande serait donnée, rendant ainsi la requête sans objet. Le Conseil d'État a donc décidé de ne pas statuer sur les conclusions de M. A...B..., a accepté les interventions des associations GISTI et la Cimade, et a ordonné à l'État de verser 3 000 euros à M. A...B... pour les frais engagés.
Arguments pertinents
1. Urgence et atteinte aux libertés fondamentales : M. A...B... a soutenu que sa situation causait une atteinte grave et manifestement illégale à sa liberté d’aller et venir, à son droit à une vie privée et familiale, ainsi qu’à son droit au travail, ce qui a justifié l’introduction de sa demande en référé. Le juge des référés a dû évaluer cette urgence au regard des circonstances.
2. Engagement du ministre de l'intérieur : Le ministre a signalé que, après l’introduction de la requête, des mesures étaient prises pour satisfaire les demandes du requérant. Le juge a relevé que l'État avait déjà pris des dispositions pour résoudre la situation de M. A...B..., rendant ainsi la demande de mesures conservatoires superflue.
3. Montant de l'indemnisation : La décision d'accorder 3 000 euros à M. A...B... se fonde sur les dispositions de l'article L. 761-1, qui autorise le juge à mettre à la charge de l'État les frais non compris dans les dépens. Cela souligne la reconnaissance du préjudice subi par le requérant, bien que la demande principale ait été déclarée sans objet.
Interprétations et citations légales
- Urgence et liberté fondamentale : L’article L. 521-2 du Code de justice administrative stipule que le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale lorsqu'une atteinte grave et manifestement illégale est constatée. Cette disposition encadre le pouvoir discrétionnaire du juge dans les cas d'urgence.
- Absence de mesure à prendre : Le Conseil d'État a appliqué l'article en retenant que l’engagement pris par le ministre de l’intérieur de répondre favorablement à la demande de M. A...B... annule la nécessité de la procédure en référé. Cela soulève la notion que les mesures d'urgence doivent être basées sur une atteinte persistante et non sur des promesses de régularisation.
- Remboursement des frais : L’article L. 761-1 du Code de justice administrative, qui prévoit que "la victime d'une décision de justice peut demander à l'État le remboursement des frais qu'elle a engagés", a été appliqué par le Conseil d'État pour indemniser le requérant, soulignant ainsi l'obligation de l'État de réparer les préjudices causés par les retards administratifs.
En conclusion, cette décision souligne l'importance de l'examen des conditions d'urgence dans le cadre des recours en référé concernant des questions de droits fondamentaux, tout en reconnaissant les efforts de l'administration à apporter des solutions avant que le juge ne statuent.