Résumé de la décision :
La société laboratoire AbbVie SAS a contesté un arrêté du 12 février 2019 qui étendait l'incitation à la prescription de médicaments biologiques similaires au groupe adalimumab, affectant ainsi le médicament de référence "Humira", commercialisé par AbbVie. La société a demandé la suspension de l'arrêté, en mettant en avant des arguments touchant à l'urgence, à la légalité de l'arrêté, à un détournement de procédure, à la concurrence, à la liberté de prescription, et à la commande publique. Cependant, le juge des référés a jugé que les moyens soulevés ne créaient pas de doute sérieux sur la légalité des dispositions contestées, et a donc rejeté la demande de suspension.
Arguments pertinents :
1. Condition d'urgence non remplie : Le juge a estimé que la condition d'urgence, qui justifie la suspension d'une décision administrative, n'était pas satisfaite, car "l'une des conditions posées par l'article L. 521-1 du code de justice administrative n'étant pas remplie, la demande présentée par la société laboratoire AbbVie SAS... doit être rejetée."
2. Doute sur la légalité des moyens soulevés : Les arguments concernant le détournement de procédure, les atteintes aux règles de la concurrence, à la liberté de prescription, et aux principes de la commande publique n'ont pas été jugés suffisants pour établir un "doute sérieux sur la légalité des dispositions contestées."
3. Conséquences sur la commande publique : Il a été soutenu que l'arrêté portait atteinte aux règles de la commande publique en rompre l'égalité de traitement des candidats, mais cela a également été jugé insuffisant pour justifier la suspension.
Interprétations et citations légales :
Article L. 521-1 du code de justice administrative :
D'après cet article, pour qu'un juge des référés puisse ordonner la suspension d'une décision administrative, il doit y avoir "urgence" et "un moyen propre à créer... un doute sérieux quant à la légalité de la décision". Dans cette affaire, le juge a considéré que ces conditions n'étaient pas remplies, soulignant que les arguments avancés par AbbVie ne suffisaient pas à établir un doute sérieux sur la légalité de l'arrêté contesté.
Article L. 162-31-1 du code de la sécurité sociale :
Ce texte mentionne des dispositions sur l'incitation à la prescription de médicaments. AbbVie a avancé que l'arrêté méconnaissait ce cadre juridique; cependant, la décision a noté qu'il n'y avait pas d'éléments probants pour faire état du détournement de procédure allégué.
Article L. 761-1 du code de justice administrative :
Ce dernier stipule que les frais d'instance non couverts par l'État doivent être pris en charge par la partie qui a succombé. En conséquence, la demande de frais par AbbVie a été rejetée, confirmant que "les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que la somme demandée par la société laboratoire AbbVie SAS soit mise à la charge de l'Etat."
En résumé, la décision a révélé que le juge des référés, en s'appuyant sur les dispositions du code de justice administrative et du code de la sécurité sociale, a déterminé que les arguments de la société AbbVie ne justifiaient pas la suspension de l'arrêté contesté.