Résumé de la décision
Le Conseil d'État a annulé le décret du 17 septembre 2015, qui accordait l'extradition de M. A... B..., un ressortissant kazakh, aux autorités russes. M. B... avait été reconnu comme réfugié politique par les autorités britanniques et a été ciblé par les autorités kazakhes pour des poursuites qui auraient des motifs politiques. Le Conseil d'État a décidé que l'extradition à l'encontre de M. B... avait été demandée pour des considérations politiques et a donc accordé une indemnité de 3 000 euros à M. B... au titre des frais de justice.Arguments pertinents
1. Refus de l'extradition pour motifs politiques : Selon un principe fondamental reconnu par les lois de la République, l'État doit refuser l'extradition lorsqu'elle est demandée dans un but politique. Ce principe s'applique même lorsque l'infraction sur laquelle repose la demande est une infraction de droit commun.2. Considérations de la situation de M. B... : Le dossier a montré que M. B... avait été reconnu comme réfugié politique en raison des risques qu'il encourt du fait de son opposition au régime kazakh. Les pressions exercées par les autorités kazakhes pour atteindre cet objectif ont également été signalées.
3. Concertation entre les États : La décision met en lumière la concertation entre les autorités kazakhes et russes, suggérant que l'extradition avait un caractère politique.
Cette décision est fondée sur l'observation que "l'extradition vers la Russie de M. B... a été demandée dans un but politique ; ainsi, cette extradition ne pouvait être légalement accordée" (point 3).
Interprétations et citations légales
1. Principe de non-extradition pour motifs politiques : Article 3, paragraphe 2 de la convention européenne d'extradition stipule que "l'extradition n'est pas accordée si la Partie requise a des raisons sérieuses de croire que la demande d'extradition motivée par une infraction de droit commun a été présentée aux fins de poursuivre ou de punir un individu pour des considérations de race, de religion, de nationalité ou d'opinions politiques".2. Qualité de réfugié politique : La reconnaissance de M. B... comme réfugié politique par les autorités britanniques atteste des menaces qu'il encourt dans son pays d'origine, ce qui renforce l'argument selon lequel son extradition vers la Russie serait illégale.
3. Dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative : Le Conseil a également fait application de l'article L. 761-1 qui permet d'attribuer une indemnité en raison de la nature abusive de la procédure d'extradition.
Ces interprétations soulignent la nécessité de respecter les engagements internationaux et de protéger les droits des individus face aux abus de la procédure d'extradition, surtout lorsqu'il existe des éléments prouvant des motifs politiques sous-jacents.