Résumé de la décision
La SA Monte Paschi Banque a consenti des concours financiers à la société KMX Technologie entre 2000 et 2004 et a constitué des provisions pour risques de non-recouvrement. Suite à un contrôle fiscal, l'administration a réintégré une partie de ces provisions dans le résultat imposable, considérant que leur constitution n'était pas conforme à une gestion commerciale normale. La cour administrative d'appel de Versailles a confirmé cette décision. Toutefois, le Conseil d'État a annulé cet arrêt, estimant que la cour avait erronément jugé que la prise de risques par la banque était inconsidérée, sans apprécier si cela était conforme aux intérêts de l'entreprise, et a renvoyé l'affaire devant la cour administrative d'appel.
Arguments pertinents
1. Gestion commerciale normale : La décision souligne que l'administration fiscale doit évaluer si les opérations de l'entreprise relèvent d'une gestion commerciale normale, en tenant compte de l'intérêt de l'entreprise, et non sur la prise de risque en soi. La cour a commis une erreur de droit en se concentrant sur la prise de risque, sans déterminer si les décisions prises étaient bénéfiques pour l'entreprise.
> “C'est au regard du seul intérêt propre de l'entreprise que l'administration doit apprécier si les opérations litigieuses correspondent à des actes relevant d'une gestion commerciale normale.”
2. Erreurs de droit : L'arrêt de la cour a été annulé car il ne remplissait pas les conditions d'examen approprié des faits, ce qui est un point fondamental dans l'appréciation des provisions déductibles.
> “En statuant ainsi, alors qu'il lui appartenait seulement de rechercher si les décisions en cause étaient conformes à l'intérêt de l'entreprise, sans qu'il y ait lieu de s'interroger sur l'ampleur des risques pris, la cour a commis une erreur de droit.”
Interprétations et citations légales
1. Article 38 et 39 du Code général des impôts : Ces articles précisent que les bénéfices nets doivent inclure des déductions pour les charges raisonnablement engagées dans l'intérêt de l'entreprise, ce qui inclut les provisions. Cependant, les provisions qui visent à couvrir des pertes ou charges non liées à la gestion commerciale ne sont pas déductibles.
> “Il résulte des dispositions combinées des articles 38 et 39 du code général des impôts, applicables en matière d'impôt sur les sociétés en vertu des dispositions de l'article 209 du même code, que le bénéfice net est établi sous déduction des charges, comprenant notamment des provisions, supportées dans l'intérêt de l'entreprise.”
2. Interprétation de la gestion normale : Il en ressort que la notion de "gestion commerciale normale" doit être interprétée non pas au regard des risques pris, mais plutôt de leur conformité avec l'intérêt propre de l'entreprise.
Conclusion
La décision du Conseil d'État clarifie le cadre d'évaluation des provisions en matière d'impôt sur les sociétés, en affirmant que l'analyse doit se concentrer sur l'intérêt de l'entreprise et pas sur les risques pris. Cette distinction est cruciale pour éviter que les entreprises ne soient pénalisées pour des décisions qui, bien que risquées, peuvent être justifiées d'un point de vue commercial.