Résumé de la décision
L'école nationale de l'aviation civile (ENAC) a été condamnée à délivrer des bulletins de salaire à M. A..., en lien avec des sommes perçues pour des congés rémunérés et jours fériés, suite à un jugement du tribunal administratif de Toulouse du 11 juillet 2006, réaffirmé par un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux du 2 septembre 2008. Malgré le paiement des sommes dues, l'ENAC n'a pas rempli certaines obligations administratives liées à ces versements. La cour a donc enjoint l'ENAC à délivrer les certificats de paie et à régulariser sa situation auprès des organismes de sécurité sociale, assortissant cette injonction d'une astreinte de 50 euros par jour de retard. Par ailleurs, l'ENAC doit verser à M. A... une somme de 750 euros au titre des frais engagés.
Arguments pertinents
1. Inexécution partielle du jugement : La cour a constaté que l'ENAC n'avait pas entièrement exécuté le jugement initial, en particulier en ne délivrant pas les bulletins de salaire ni en informant les organismes compétents. La cour a précisé que "ces régularisations constituent pour tout employeur des obligations administratives qui sont le corollaire même du versement de rémunérations".
2. Obligation de respecter les délais : La cour a affirmé que l’ENAC devait exécuter les obligations de manière expéditive, en raison de la nature des régularisations à fournir, y compris la remise des bulletins de salaires rectificatifs, et a imposé un délai d’un mois pour cette exécution.
3. Droit à la réparation : En application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, la cour a estimé que M. A... ayant gagné, il était juste de le dédommager pour ses frais de justice, en lui allouant une somme de 750 euros.
Interprétations et citations légales
1. Inexécution d’un jugement : L'article L. 911-4 du code de justice administrative stipule : "En cas d'inexécution d'un jugement ou d'un arrêt... si le jugement ou l'arrêt dont l'exécution est demandée n'a pas défini les mesures d'exécution, la juridiction saisie procède à cette définition." Cela souligne la responsabilité des autorités publiques à exécuter les décisions judiciaires mais aussi le pouvoir des juridictions administratives de définir les modalités d'exécution dans le cas où cela n’est pas précisé.
2. Obligations de l'employeur : La cour a rappelé que la délivrance de bulletins de salaire est une obligation pour tout employeur, en soutenant que "l'ENAC ne pouvant à cet égard invoquer utilement la prescription opposable aux actions en paiement". Cette interprétation renforce l’idée que les obligations de l’employeur concernant la régularisation des droits sociaux ne peuvent être écartées par des notions de prescription, lorsque ces obligations résultent d'une décision judiciaire.
3. Frais de justice : En vertu de l'article L. 761-1, "la perte du procès entraîne une obligation de la part de la partie perdante à indemniser la partie gagnante". Cet article constitue un mécanisme de protection pour les justiciables, en veillant à ce qu'ils ne soient pas punis financièrement pour avoir défendu leurs droits.
Ces éléments reflètent ainsi la volonté du législateur de garantir le respect des décisions judiciaires et la protection des droits des citoyens face aux administrations publiques.