Résumé de la décision
La commune d'Aubervilliers a interjeté appel d'un jugement du Tribunal administratif de Montreuil qui avait annulé une délibération du conseil municipal datée du 18 décembre 2014. Cette délibération a décerné le titre de citoyen d'honneur à M. A...C... et a exprimé un vœu concernant la libération de prisonniers politiques palestiniens ainsi que la reconnaissance de l'État palestinien. La cour d'appel a confirmé la décision de première instance, affirmant que la délibération portait atteinte à l'ordre public en raison de sa nature impliquant des questions de politique internationale.
Arguments pertinents
1. Absence d'intérêt à agir du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme : La commune soutenait que la demande du Bureau était irrecevable. Cependant, la cour a estimé que cela n'affectait pas la régularité du jugement puisque le tribunal avait fondé sa décision sur les moyens soulevés par le préfet, N’étant pas requis de faire droit aux conclusions spécifiques du Bureau.
Citation pertinente : "La commune d'Aubervilliers ne saurait se prévaloir de ce que le BVCA n'avait pas d'intérêt à agir à l'encontre de la décision litigieuse pour soutenir que le jugement attaqué serait irrégulier."
2. Caractère symbolique de la délibération : La commune a argué que la délibération n’avait qu'un caractère symbolique et n'était pas décisoire, ce qui selon elle, la rendait non sujette à un recours pour excès de pouvoir. La cour a précisé que la délibération n'était pas un acte à caractère décisionnel, mais qu'elle pouvait néanmoins être déférée au tribunal en raison de son lien avec l'ordre public.
Citation pertinente : "La délibération par laquelle l'organe délibérant d'une collectivité territoriale émet un vœu ne constitue pas un acte faisant grief et n'est donc pas susceptible de faire l'objet d'un recours devant le juge de l'excès de pouvoir."
3. Attribution du titre de citoyen d'honneur : La commune affirmait que l'attribution du titre de citoyen d'honneur était un hommage public relevant de l'intérêt local. Cependant, la cour a jugé que compte tenu des circonstances entourant M.C..., la délibération engageait des considérations de politique internationale et pouvait donc être perçue comme portant atteinte à l'ordre public.
Citation pertinente : "Compte tenu de la personnalité de M.C..., la délibération litigieuse [...] doit être regardée comme portant sur une affaire relevant de la politique internationale de la France."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 2131-6 du Code général des collectivités territoriales : Cet article stipule que le représentant de l'État dans le département peut déférer au tribunal administratif les actes qu'il juge contraires à la légalité dans un certain délai. La cour a précisé que même les délibérations sans caractère décisoire peuvent être contestées par le préfet si elles sont perçues comme contraires à l'ordre public.
Citation : "Le représentant de l'Etat dans le département défère au tribunal administratif les actes [...] qu'il estime contraires à la légalité."
2. Article L. 2121-29 du Code général des collectivités territoriales : Cet article stipule que le conseil municipal règle les affaires de la commune par ses délibérations, y compris par l'émission de vœux ayant trait à des questions d'intérêt local. Toutefois, la cour a interprété que, dans ce cas précis, le caractère de la délibération excédait les affaires locales en traitant des questions relevant de l'ordre public international.
Citation : "Le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune."
En somme, la cour a conclut que la délibération du conseil municipal d'Aubervilliers touchait à des questions de politique internationale, justifiant ainsi son annulation pour atteinte à l'ordre public, ce qui a été confirmé par les articles cités du Code général des collectivités territoriales.