Résumé de la décision
Dans l'affaire opposant les membres du Conseil d'administration de la Société anonyme "Papeteries du Forez" à des actionnaires, la Cour d'Appel de Lyon a ordonné la communication des chiffres totaux des frais généraux pour les exercices 1947-1948 et 1948-1949. Les membres du Conseil et les commissaires aux comptes ont formé un pourvoi contre cette décision, arguant que leur acceptation d'une nouvelle présentation comptable pour l'exercice 1951-1952 constituait un acquiescement à l'arrêt. La Cour de Cassation a jugé le pourvoi recevable, considérant que l'admission d'un nouveau mode de présentation ne constituait pas un acquiescement à une décision antérieure. Elle a ensuite rejeté le pourvoi sur le fond, confirmant le droit des actionnaires à obtenir des informations nécessaires pour voter en connaissance de cause.
Arguments pertinents
1. Recevabilité du pourvoi : La Cour de Cassation a affirmé que l'acceptation d'une nouvelle présentation comptable pour un exercice non concerné par l'arrêt ne constitue pas un acquiescement. Cela souligne l'importance de la distinction entre les exercices comptables et la portée des décisions judiciaires. La Cour a déclaré : "l'admission d'un nouveau mode de présentation comptable... ne constitue pas un acquiescement à une décision qui porte seulement sur des exercices antérieurs."
2. Droit à l'information des actionnaires : La Cour a soutenu que la communication des frais généraux était essentielle pour permettre aux actionnaires de voter en connaissance de cause. Elle a précisé que la mention d'un chiffre global ne suffisait pas à éclairer les actionnaires sur la gestion de la société, en particulier lorsque des augmentations significatives des frais avaient été constatées. La Cour a ainsi affirmé que "les intéressés ne pouvaient par cette seule indication être éclairés sur la gestion de la société."
3. Absence de dénaturation des termes de la demande : La Cour a également rejeté l'argument selon lequel elle aurait dénaturé les termes de la demande des actionnaires. Elle a considéré que la demande visait à permettre aux actionnaires d'exercer leur droit de vote en pleine connaissance de cause, ce qui est conforme à leur droit d'obtenir des informations sur la gestion de la société.
4. Irrecevabilité du moyen mélangé de fait et de droit : La Cour a noté que le moyen soulevé concernant l'approbation des résultats des exercices antérieurs n'avait pas été soumis aux juges du fond et ne pouvait donc pas être présenté pour la première fois devant la Cour de Cassation. Cela illustre l'importance de la procédure et de la présentation des arguments en temps utile.
Interprétations et citations légales
1. Article 35 de la loi du 24 juillet 1867 : Cet article, modifié par le décret-loi du 30 octobre 1935, stipule que les actionnaires ont le droit d'obtenir des renseignements sur la gestion des affaires sociales. La Cour a souligné que cette modification visait à renforcer la protection des actionnaires, en leur permettant d'accéder à des informations plus détaillées sur les frais généraux, ce qui est essentiel pour leur prise de décision lors des assemblées générales.
2. Décret-loi du 31 août 1937 : Ce décret précise que le compte de profits et pertes doit exprimer sous des rubriques distinctes les profits et pertes de provenances diverses, y compris les frais généraux. La Cour a cité ce texte pour justifier la nécessité d'une communication détaillée des frais généraux, affirmant que "le compte de profits et pertes... doit exprimer sous des rubriques distinctes les profits et les pertes de provenances diverses."
3. Droit des actionnaires à l'information : La décision de la Cour de Cassation renforce le principe selon lequel les actionnaires doivent être en mesure de voter en connaissance de cause, ce qui est un droit fondamental dans le cadre de la gouvernance d'entreprise. La Cour a affirmé que "le bien-fondé de la demande de communication paraissait avoir été admis par le Conseil d'administration."
En conclusion, la décision de la Cour de Cassation met en lumière l'importance du droit à l'information des actionnaires et la nécessité de respecter les procédures légales pour garantir une gouvernance d'entreprise transparente et responsable.