Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi concernant la responsabilité de la société "L'Oxygène liquide" suite à un accident survenu lors de la livraison de bouteilles d'oxygène comprimé. Ces bouteilles, expédiées par la société "L'Oxygène liquide", ont explosé pendant leur transport, blessant deux employés. La Cour d'Appel avait débouté les victimes en affirmant que seule la société ayant la garde matérielle des bouteilles pouvait être tenue responsable. La Cour de cassation a cassé cette décision, estimant que la Cour d'Appel n'avait pas suffisamment examiné la question de la garde et de l'usage des bouteilles, ce qui a conduit à un manque de base légale dans son arrêt.
Arguments pertinents
1. Sur l'exception de recevabilité : La Cour a rejeté l'exception de recevabilité du pourvoi en affirmant que la société "Valloureix" était maintenue en cause, car les dispositions attaquées lui profitaient en rendant sans objet le recours dirigé contre elle. Cela souligne que même si un pourvoi pourrait avoir des conséquences négatives pour une partie, cela ne constitue pas une raison pour déclarer le pourvoi irrecevable.
2. Sur la responsabilité : La Cour a rappelé que la responsabilité du dommage causé par une chose inanimée est liée à la garde de cette chose. Elle a cité que "sauf l'effet de stipulations contraires valables entre les parties, le propriétaire de la chose ne cesse d'en être responsable que s'il est établi que celui à qui il l'a confiée a reçu corrélativement toute possibilité de prévenir lui-même le préjudice qu'elle peut causer".
3. Sur la garde : La décision de la Cour d'Appel a été critiquée pour ne pas avoir examiné si le détenteur des bouteilles avait le pouvoir de surveiller et de contrôler l'objet. La Cour de cassation a souligné que les juges devaient rechercher si le détenteur avait l'usage de l'objet et le pouvoir de le contrôler, ce qui est essentiel pour établir la garde.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité du fait des choses : La responsabilité est régie par le Code civil - Article 1384, alinéa 1er, qui stipule que "on est responsable non seulement du dommage causé par son fait personnel, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, et par celui des choses que l'on a sous sa garde". Cette disposition établit le principe de la responsabilité pour les dommages causés par des choses inanimées, mais elle nécessite une analyse approfondie de la notion de garde.
2. Garde et usage : La Cour de cassation a insisté sur le fait que la garde ne se limite pas à la détention matérielle, mais inclut également l'usage et le contrôle de la chose. Cela implique que pour établir la responsabilité, il est crucial de déterminer qui avait non seulement la possession physique de l'objet, mais aussi le pouvoir de le surveiller et de le contrôler. Cela est particulièrement pertinent dans le cas de choses dangereuses, comme des bouteilles d'oxygène comprimé.
3. Critique de la décision de la Cour d'Appel : La Cour de cassation a jugé que la Cour d'Appel n'avait pas suffisamment justifié sa décision en ne se penchant pas sur la question de la garde et de l'usage des bouteilles. Cela a conduit à une cassation de l'arrêt, car il manquait une base légale pour conclure que "seul, celui qui a la garde matérielle d'une chose inanimée peut être responsable de cette chose".
En conclusion, cette décision souligne l'importance d'une analyse complète des éléments de la garde et de l'usage dans les cas de responsabilité pour les dommages causés par des choses inanimées, et rappelle que la simple détention matérielle ne suffit pas à établir la responsabilité.