Résumé de la décision
La Cour de cassation a partiellement cassé l'arrêt de la Cour d'appel de Bordeaux du 6 juin 1962, qui avait déclaré X... (Roland) civilement responsable des actes de Y... (Alice), veuve X..., condamnée pour blessures involontaires et infraction au Code de la route. La Cour a jugé que la responsabilité civile de X... n'était pas justifiée, car il n'y avait pas de lien de subordination entre lui et Y..., ni d'infraction pénale imputable à X... qui aurait pu fonder cette responsabilité.
Arguments pertinents
1. Absence de lien de subordination : La Cour a souligné que pour établir la responsabilité civile d'un commettant pour les actes d'un préposé, il est nécessaire de prouver l'existence d'un rapport de subordination. En l'espèce, il n'a pas été démontré que Y... était sous l'autorité de X..., ce qui est essentiel pour appliquer l'article 1384, alinéa 5 du Code civil. La Cour a affirmé : « cette responsabilité mise par l'article 1384, paragraphe 5 du Code civil à la charge des commettants suppose, pour son application, que ceux-ci ont le droit de donner à leurs préposés des ordres et des instructions sur la manière de remplir les fonctions auxquelles ils les emploient ».
2. Inapplicabilité de la présomption de responsabilité : La Cour a également noté que la responsabilité du propriétaire d'un animal ne peut être engagée sur la base d'un délit si ce dernier n'est pas directement imputable à lui. Elle a précisé que « la présomption de responsabilité du propriétaire d'un animal ne naît pas d'un délit et que, dès lors, les tribunaux répressifs n'en peuvent connaître accessoirement à l'action publique ».
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 1384, alinéa 5 : Cet article stipule que « on est responsable non seulement du dommage causé par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ». La Cour a interprété cet article comme nécessitant un lien de subordination entre le commettant et le préposé pour engager la responsabilité.
2. Code de procédure pénale - Articles 3 et 85 : Ces articles précisent que la responsabilité civile devant la juridiction correctionnelle doit se fonder sur le fait délictueux objet de la poursuite. La Cour a souligné que « seul peut servir de base à l'action de la partie civile devant la juridiction correctionnelle le fait délictueux, objet de la poursuite », ce qui implique que la responsabilité du propriétaire d'un animal ne peut être retenue sans une infraction pénale directement imputable à lui.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation rigoureuse des conditions nécessaires pour établir la responsabilité civile, en insistant sur l'importance du lien de subordination et l'imputabilité des infractions pénales.