Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par X... (Julien) contre un arrêt de la Cour d'appel de Grenoble du 10 mai 1962, qui avait révoqué le sursis avec mise à l'épreuve dont il bénéficiait. La Cour d'appel avait fondé sa décision sur le fait que X... avait enfreint une obligation de ne pas importuner les tiers par des écrits. La Cour de cassation a cassé cet arrêt, considérant que la Cour d'appel avait violé les textes de loi applicables en ne respectant pas les limites des obligations imposées au condamné.
Arguments pertinents
1. Inapplicabilité de l'autorité de la chose jugée : La Cour de cassation a souligné que l'autorité de la chose jugée ne peut s'appliquer qu'à la matérialité des faits et à leur imputabilité, et non à des mesures qui peuvent être modifiées. Elle a affirmé que la Cour d'appel ne pouvait pas se refuser à apprécier la légalité de l'obligation imposée à X..., car celle-ci était susceptible d'être modifiée.
> "L'autorité de la chose jugée ne peut s'appliquer qu'à la partie de la décision relative à la matérialité des faits et à leur imputabilité et non à une mesure toujours susceptible, aux termes de la loi, d'être modifiée, aménagée ou supprimée."
2. Limitation des obligations imposées : La Cour a également précisé que les obligations imposées au condamné sont limitativement énumérées dans les articles R 58 et R 59 du Code de procédure pénale, et que l'interdiction de ne pas importuner les tiers par des écrits ne figure pas parmi ces obligations.
> "L'énumération des obligations qui peuvent être imposées au délinquant est limitativement contenue dans les articles R 58 et R 59 du règlement d'administration publique."
3. Violation de la procédure : La Cour de cassation a constaté que la Cour d'appel avait statué en audience publique alors qu'elle aurait dû se prononcer en chambre du conseil, ce qui constitue une violation de la loi.
> "La procédure, prévue par l'article 742 du même code, en vue de faire ordonner l'exécution d'une peine d'emprisonnement assortie du sursis avec mise à l'épreuve, constitue un incident de cette nature."
Interprétations et citations légales
1. Code de procédure pénale - Article 742 : Cet article stipule que le tribunal peut ordonner l'exécution de la peine d'emprisonnement infligée à un condamné qui ne respecte pas les obligations imposées. La Cour de cassation a interprété cet article comme limitant la capacité de la Cour d'appel à modifier les obligations imposées, ce qui a conduit à la cassation de l'arrêt.
2. Code de procédure pénale - Article 711 : Cet article impose que toute juridiction répressive saisie d'un incident relatif à l'exécution d'une peine doit statuer en chambre du conseil. La Cour de cassation a noté que la Cour d'appel avait violé cette exigence en statuant en audience publique.
3. Code de procédure pénale - Articles R 56, R 58 et R 59 : Ces articles énumèrent les mesures de surveillance et d'assistance ainsi que les obligations spécifiques qui peuvent être imposées au condamné. La Cour a souligné que l'obligation de ne pas importuner les tiers par des écrits ne faisait pas partie de ces obligations, renforçant ainsi l'argument selon lequel la Cour d'appel avait mal appliqué la loi.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation a mis en lumière l'importance de respecter les limites des obligations imposées par la loi et la nécessité de suivre les procédures appropriées lors de la révision des décisions judiciaires.