Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par Z... (André), partie civile, contre un arrêt de la Cour d'appel de Paris du 13 juin 1962, qui avait prononcé la nullité des citations délivrées aux prévenus (Pierre Quiller, Henri Bouvet et Henri X...) dans le cadre de poursuites pour diffamation et complicité. La Cour d'appel avait annulé les citations en raison d'une confusion entre les qualifications juridiques retenues dans le réquisitoire et celles figurant dans les citations, ce qui aurait pu nuire aux droits de la défense des prévenus. La Cour de cassation a cassé l'arrêt de la Cour d'appel, considérant que celle-ci avait violé les dispositions légales en ne tenant pas compte de la qualification initiale des faits.
Arguments pertinents
1. Nature de la poursuite : La Cour de cassation a rappelé que, en matière d'infraction à la loi sur la presse, le réquisitoire introductif fixe irrévocablement la nature de la poursuite. Elle a souligné que le réquisitoire spécifiait clairement que la diffamation était dirigée contre Z..., en sa qualité de maire, ce qui relevait de l'article 31 de la loi du 29 juillet 1881.
2. Nullité des citations : La Cour d'appel a annulé les citations en raison d'une confusion entre les qualifications juridiques, mais la Cour de cassation a estimé que cette annulation était infondée. Elle a précisé que les juges du fond ne pouvaient pas tenir compte d'une qualification irrégulière intervenue en cours de procédure, et que les prévenus ne pouvaient pas se méprendre sur le délit qui leur était reproché.
3. Droits de la défense : La décision a également mis en avant que les prévenus avaient eu la possibilité de se défendre efficacement, ce qui contredisait l'argument de la Cour d'appel selon lequel les citations n'auraient pas permis aux prévenus de savoir de quel délit ils devaient se défendre.
Interprétations et citations légales
- Article 31 de la loi du 29 juillet 1881 : Cet article prévoit et réprime la diffamation envers un citoyen chargé d'un mandat public. La Cour a rappelé que la qualification de diffamation envers Z..., en tant que maire, était clairement établie dans le réquisitoire.
- Article 32 de la loi du 29 juillet 1881 : Bien que l'ordonnance de renvoi ait utilisé cet article, la Cour de cassation a précisé que la qualification initiale, fondée sur l'article 31, devait prévaloir. Elle a noté que "le requisitoire introductif fixe irrévocablement la nature de la poursuite".
- Article 50 de la loi du 29 juillet 1881 : Cet article impose des obligations concernant la clarté des citations. La Cour a jugé que la confusion créée par l'ordonnance de renvoi ne pouvait justifier l'annulation des citations, car cela aurait violé les droits de la partie civile et des prévenus.
En conclusion, la Cour de cassation a statué en faveur de la clarté et de la rigueur des procédures judiciaires, affirmant que les qualifications juridiques doivent être respectées et que les droits de la défense ne doivent pas être compromis par des erreurs procédurales.