Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par la Société du Casino Municipal de Cassis, partie civile, contre un arrêt de la Cour d'appel de Grenoble, daté du 4 avril 1963. Cet arrêt avait condamné une dame pour émission d'un chèque sans provision, mais avait déclaré l'action civile irrecevable. La Cour de cassation a confirmé que le chèque en question avait été émis en contrepartie d'une avance destinée au jeu, ce qui a conduit à l'application de l'article 1965 du Code civil, excluant ainsi la possibilité d'une action en paiement.
Arguments pertinents
1. Constatation des faits : Les juges du fond ont établi que le chèque avait été remis en échange d'une avance destinée au jeu, sous forme de jetons, et que cette somme avait effectivement été utilisée à cet effet. Cela a été un point central dans la décision.
2. Application de l'article 1965 du Code civil : La Cour a affirmé que les arrêtés mentionnés par la partie civile ne faisaient pas obstacle à l'application de l'article 1965, qui stipule que les dettes de jeu ne peuvent donner lieu à action. La Cour d'appel a donc correctement appliqué cette règle.
3. Rejet des arguments de la partie civile : La Cour a rejeté l'argument selon lequel les casinos, en raison de leur autorisation à escamoter les chèques, devraient être exemptés des dispositions de l'article 1965. Elle a souligné que la règle générale de l'article 1965 s'applique indépendamment des spécificités des arrêtés.
Interprétations et citations légales
1. Article 1965 du Code civil : Cet article stipule que "les dettes de jeu ne peuvent donner lieu à action". Cela signifie que toute obligation contractée dans le cadre d'un jeu est considérée comme nulle et non avenue, ce qui est fondamental dans cette affaire.
2. Application des arrêtés : Les arrêtés du 19 mars 1924 et du 31 octobre 1955, qui autorisent les casinos à escamoter les chèques, ne contredisent pas l'article 1965. La Cour a précisé que "les arrêtés dont le moyen fait état ne sauraient faire obstacle à l'application d'une règle générale posée par l'article 1965 du Code civil".
3. Sur la preuve de la destination des fonds : La Cour a également noté que la preuve que les fonds prêtés étaient destinés au jeu doit être établie. Cependant, la simple remise du chèque contre une avance pour le jeu suffit à établir cette destination, ce qui a été confirmé par les juges du fond.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation s'appuie sur une interprétation rigoureuse des textes de loi, affirmant que les dettes de jeu ne peuvent donner lieu à action et que les spécificités des casinos ne modifient pas cette règle fondamentale.