Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par Raymond X contre un arrêt de la Cour d'appel de Bordeaux, qui l'avait condamné à une amende de 200 francs avec sursis pour avoir violé les dispositions réglementaires relatives à la vente en gros de fruits et légumes dans le périmètre de protection du marché d'intérêt national de Bordeaux-Brienne. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, considérant que les dispositions réglementaires appliquées ne pouvaient pas justifier une sanction pénale, car elles étaient contraires au principe d'égalité devant les charges publiques.
Arguments pertinents
1. Violation des principes d'égalité : La Cour de cassation a souligné que le décret du 7 novembre 1962, qui créait des secteurs à l'intérieur du périmètre de protection, violait le principe d'égalité en discriminant entre les commerçants exerçant la même activité. Elle a affirmé que « l'établissement, à l'intérieur du périmètre, de secteurs non prévus par la loi, ajoutant à celle-ci une nouvelle atteinte au principe d'égalité devant les charges publiques, ne peut résulter d'un décret. »
2. Absence de qualification pénale : La Cour a également noté que le fait reproché au demandeur ne constituait ni un crime, ni un délit, ni une contravention prévue et punie par la loi. Elle a conclu que « la Cour d'appel, en le condamnant de ce seul chef, a faussement appliqué et en conséquence violé les articles de loi visés au moyen. »
Interprétations et citations légales
1. Décret n° 53-959 du 30 septembre 1953 : Ce décret, modifié par le décret n° 58-550 du 27 juin 1958, établit un cadre pour la création de périmètres de protection autour des marchés d'intérêt national. L'article 6 stipule que « le décret instituant un périmètre de protection ou un décret ultérieur peut interdire, à l'intérieur dudit périmètre, et à compter d'une date qu'il fixe, les opérations commerciales autres que de détail. » La Cour a interprété cette disposition comme permettant d'interdire ces opérations à tous les commerçants dans le périmètre, et non à un sous-ensemble.
2. Décret du 7 novembre 1962 : Ce décret a été jugé illégal car il a introduit des secteurs non prévus par la loi, ce qui a conduit à une discrimination entre commerçants. La Cour a affirmé que « l'article 4 du décret du 7 novembre 1962 créant de tels secteurs à l'intérieur du périmètre de protection ne saurait recevoir sanction pénale. »
3. Ordonnance du 23 octobre 1958 et Article 7 de la loi du 20 avril 1810 : Bien que non explicitement détaillés dans le jugement, ces textes ont été mentionnés dans le cadre de la violation des principes de légalité et d'égalité. L'ordonnance a été ratifiée et a conféré une valeur législative au décret de 1953, tandis que l'article 7 de la loi de 1810 a été invoqué pour soutenir l'argument selon lequel le préjudice résultant d'une interdiction doit être indemnisé.
En somme, la décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation stricte des textes réglementaires et des principes fondamentaux du droit, notamment le principe d'égalité devant les charges publiques, ce qui a conduit à l'annulation de la condamnation du demandeur.