Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de X... (Angel) contre un arrêt de la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Toulouse, daté du 28 janvier 1964. Dans le cadre de poursuites pour escroquerie, abus de confiance, vol et corruption d'employés, la Cour a confirmé l'ordonnance du juge d'instruction qui avait déclaré recevable la constitution de partie civile de la société Champlain. X... contestait la recevabilité de cette constitution, arguant qu'elle était frappée d'une exception péremptoire de transaction, en raison d'accords antérieurs intervenus devant le Conseil des prud'hommes.
Arguments pertinents
1. Sur la recevabilité de la constitution de partie civile : La Cour a estimé que la société Champlain avait des griefs suffisants pour justifier sa constitution de partie civile. Elle a noté que les accusations portées par la société à l'encontre de X... (embauche fictive d'ouvriers, détournement de documents et de matériel) constituaient des infractions susceptibles de causer un préjudice. La Cour a affirmé que "c'est aux seuls juges du fond qu'il appartient, en définitive, de dire si la preuve de l'existence du préjudice allégué est, ou non, établie".
2. Sur l'exception péremptoire de transaction : La Cour a rejeté l'argument selon lequel la transaction antérieure aurait mis fin à toutes les difficultés entre les parties, en précisant que rien dans la transaction ne prouvait que les parties avaient voulu régler des difficultés autres que celles liées au litige prud'homal. La Cour a souligné que "la formule contenue dans la convention de transaction, en raison de son caractère général, visait non seulement les griefs soumis au Conseil des prud'hommes, mais tous les différends connus de la société Champlain au jour de ladite convention".
Interprétations et citations légales
1. Code de procédure pénale - Article 593 : Cet article stipule que la chambre d'accusation doit vérifier la recevabilité des constitutions de partie civile. La Cour a interprété cet article en affirmant que la recevabilité ne nécessite pas la preuve préalable du préjudice, mais simplement que les circonstances permettent d'admettre comme possible l'existence d'un préjudice lié à une infraction.
2. Code civil - Article 1134 : Cet article précise que les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. La Cour a noté que la transaction ne couvrait pas les griefs liés aux infractions pénales, ce qui a permis de rejeter l'argument de X... concernant l'exception péremptoire.
3. Code civil - Articles 2048 à 2052 : Ces articles traitent de la nature et des effets de la transaction. La Cour a souligné que la transaction ne devait pas être interprétée comme une renonciation à toute action future relative à des infractions pénales, ce qui a renforcé la recevabilité de la constitution de partie civile.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation rigoureuse des textes de loi, affirmant que la recevabilité de la constitution de partie civile ne dépend pas de la preuve préalable d'un préjudice, mais de la possibilité de l'existence d'un lien direct entre l'infraction et le préjudice allégué.