Résumé de la décision
La Cour d'appel de Douai a rendu deux arrêts, le 4 mars et le 17 juin 1963, concernant un litige entre la Ville de Boulogne-sur-Mer et les consorts Z... suite à une expropriation pour cause d'utilité publique. La cour a rejeté l'exception d'irrecevabilité du mémoire d'appel des consorts Z... pour dépôt tardif et a fixé le montant de l'indemnité d'expropriation à 622 596 francs. La Ville de Boulogne a formé un pourvoi en cassation contre ces décisions.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de l'appel : La Cour de cassation a confirmé que le dépôt tardif du mémoire d'appel ne pouvait pas être considéré comme une cause de déchéance, en l'absence de disposition légale spécifique à cet égard. Elle a précisé que « le délai dans lequel cet envoi doit être effectué ne saurait être considéré comme prescrit à peine de déchéance en l'absence de toute disposition de ce chef ».
2. Décès de la partie appelante : La cour a rejeté l'argument selon lequel le mémoire déposé au nom de Dame Veuve X... était irrecevable en raison de son décès avant le dépôt. Elle a statué que la Ville de Boulogne n'avait pas soulevé ce moyen devant les juges d'appel, rendant ce moyen irrecevable devant la Cour de cassation.
3. Évaluation de l'indemnité d'expropriation : La Cour d'appel a utilisé la méthode de comparaison pour évaluer la valeur de l'immeuble exproprié, en tenant compte des éléments fournis par les parties. La Cour de cassation a noté que la cour d'appel n'était pas tenue de répondre en détail à chaque argument des parties et qu'elle avait exercé son pouvoir souverain pour apprécier les éléments de l'indemnité.
Interprétations et citations légales
1. Sur la recevabilité de l'appel : La décision souligne l'importance de la formalité d'envoi des mémoires, mais clarifie que le non-respect du délai ne conduit pas à la déchéance sans disposition légale explicite. Cela renvoie à la nécessité de respecter les règles de procédure tout en tenant compte de leur interprétation flexible en l'absence de sanctions précises.
2. Sur le décès de la partie appelante : La Cour a affirmé que le moyen soulevé par la Ville de Boulogne n’avait pas été présenté devant la cour d’appel, ce qui est en accord avec le principe selon lequel un moyen ne peut être soulevé pour la première fois en cassation. Cela s'inscrit dans le cadre du respect du contradictoire et de la bonne administration de la justice.
3. Sur l'évaluation de l'indemnité : La Cour d'appel a justifié son choix de méthode d'évaluation par comparaison, ce qui est conforme aux pratiques en matière d'expropriation. La Cour de cassation a noté que « la cour d'appel qui n'était pas tenue de s'expliquer en détail sur chacun des arguments produits par les parties a usé de son pouvoir souverain pour apprécier le montant des divers éléments de l'indemnité sans excéder ses pouvoirs ni violer les textes visés au moyen ».
Ces éléments montrent que la décision de la Cour d'appel repose sur une interprétation équilibrée des règles de procédure et des principes d'évaluation en matière d'expropriation, tout en respectant les droits des parties impliquées.