Résumé de la décision
Dans cette affaire, Dame Renée X..., propriétaire de locaux commerciaux, a notifié à sa locataire, Demoiselle Louise Y..., un commandement de payer pour des loyers échus depuis octobre 1962. Après le décès de la locataire en avril 1963, ses héritiers ont contesté l'expulsion ordonnée par le juge des référés, soutenant que l'état de santé de Louise Y... l'avait empêchée de payer son loyer. La cour d'appel a confirmé la décision d'expulsion, rejetant les arguments des héritiers, qui ont par ailleurs proposé de régler les loyers après le délai imparti.
Arguments pertinents
1. État de santé et capacité à payer : La cour a estimé qu'il n'était pas prouvé que l'état de santé de Louise Y... l'avait empêchée de s'acquitter de son loyer. Elle a noté que les héritiers n'avaient pas démontré que la locataire était dans l'incapacité de comprendre le commandement de payer. La cour a déclaré : « il n'est pas démontré ni que l'état de santé de Demoiselle Y... l'ait empêchée de payer son loyer, ni qu'elle ait été privée de ressources suffisantes. »
2. Incompétence du juge des référés : Les héritiers n'ont pas soulevé l'incompétence du juge des référés ni la nullité du commandement dans leurs conclusions. La cour a précisé que ces moyens nouveaux ne pouvaient pas être invoqués pour la première fois devant la Cour de cassation.
3. Offre tardive de paiement : La cour a jugé que l'offre de paiement des loyers arriérés faite par les héritiers après l'expiration du délai imparti par la clause résolutoire était tardive. La cour a conclu que « la nullité du commandement n'ayant pas été soulevée, la cour d'appel a déclaré, à bon droit, comme "tardive" l'offre de payer les loyers arriérés. »
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs principes juridiques ont été appliqués :
- Capacité juridique et état de santé : La cour a examiné la capacité de la locataire à comprendre et agir au moment de la réception du commandement. Cela soulève des questions sur la capacité juridique des personnes en état de santé dégradé. Le Code civil - Article 414 stipule que « toute personne est capable de droits, sauf en ce qui concerne les cas où la loi en dispose autrement. » Cela implique que l'incapacité doit être prouvée pour affecter la validité d'un acte juridique.
- Nullité des actes juridiques : La cour a également abordé la question de la nullité du commandement de payer. Selon le Code civil - Article 1178, un acte peut être annulé s'il est effectué par une personne incapable. Cependant, les héritiers n'ont pas soulevé cette nullité, ce qui a conduit la cour à conclure que le commandement était valide.
- Délai de paiement et clause résolutoire : La cour a appliqué les principes relatifs aux clauses résolutoires dans les contrats de bail. Selon le Code civil - Article 1184, la résiliation d'un contrat peut être demandée si les obligations ne sont pas respectées dans le délai imparti. La cour a donc considéré que l'offre de paiement tardive des héritiers ne pouvait pas annuler les effets de la clause résolutoire.
En conclusion, la décision de la cour d'appel a été fondée sur une évaluation rigoureuse des faits et des arguments juridiques, confirmant la validité du commandement de payer et l'expulsion de la locataire pour défaut de paiement.