Résumé de la décision
Dans cette affaire, les Demoiselles Aimée et Lise X... ont revendiqué la propriété d'un terrain bâti situé à Fort-de-France, à l'intérieur de la zone des cinquante pas géométriques. Elles ont demandé la validation de leurs titres devant la Commission de vérification, se fondant sur des actes notariés datant de 1924, ainsi que sur des actes de vente antérieurs remontant à 1807. Le tribunal de grande instance a accueilli leur requête, déclarant que leurs titres étaient opposables à l'État. Cependant, la Cour de cassation a cassé ce jugement, arguant que les titres en question n'avaient pas été délivrés par l'État, qui est le seul compétent pour procéder au déclassement de terrains du domaine public national.
Arguments pertinents
1. Validité des titres : La Cour a souligné que, selon l'article 10 du décret n° 55-885 du 30 juin 1955, seuls les titres délivrés par l'État sont opposables à ce dernier. En statuant que les titres des Demoiselles X... étaient opposables, le tribunal a violé ce texte. La Cour a précisé : « AUCUN DES TITRES ALLEGUES N'AVAIT ETE DELIVRE PAR L'ETAT ».
2. Compétence de l'État : La décision a également mis en avant que l'État est le seul à pouvoir procéder au déclassement d'un terrain du domaine public national. Cela implique que toute cession de propriété doit suivre des formes légales précises, ce qui n'a pas été respecté dans le cas présent.
Interprétations et citations légales
1. Décret n° 55-885 du 30 juin 1955 - Article 10 : Cet article stipule que la Commission de vérification est chargée d'apprécier la validité des titres, mais que seuls les titres délivrés par l'État sont opposables. La Cour a interprété cet article comme une restriction claire sur la validité des titres en matière de propriété foncière dans la zone des cinquante pas géométriques.
2. Décret du 21 mars 1882 - Article 2 : Cet article précise que les détenteurs de terrains à bâtir dans les villes peuvent recevoir des titres de propriété définitifs et incommutables, à condition que ces terrains aient été occupés antérieurement au 9 février 1827. La Cour a noté que, bien que les Demoiselles X... aient occupé le terrain de manière publique et paisible, cela ne suffisait pas à établir la validité de leurs titres face à l'État, qui n'avait pas délivré ces titres.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation a réaffirmé l'importance de la légalité dans la cession de propriétés appartenant au domaine public, en insistant sur le fait que seule l'État a le pouvoir de valider des titres de propriété dans ce contexte.