Résumé de la décision
Dans cette affaire, Dominique X..., un enfant de deux ans, a été blessé lorsque sa poussette, conduite par sa sœur Michèle, s'est renversée à proximité d'un camion de la société des Grands Moulins de Strasbourg. Dominique a eu une jambe coincée entre le trottoir et la roue arrière du camion. La famille a assigné la société et son assureur, la société Alpina, en réparation du préjudice subi. La cour d'appel a initialement jugé que la société des Grands Moulins de Strasbourg était responsable, mais a ensuite été cassée par la Cour de cassation, qui a estimé que les juges du fond n'avaient pas correctement examiné si le fait imputé à la sœur, même sans caractère fautif, avait contribué au dommage.
Arguments pertinents
1. Responsabilité du gardien de la chose : Selon l'article 1384, alinéa 1er du Code civil, le gardien d'une chose inanimée est responsable des dommages causés par celle-ci, sauf s'il prouve qu'il a été mis dans l'impossibilité de l'éviter. La cour d'appel a reconnu qu'il existait des présomptions graves, précises et concordantes d'un lien de causalité entre le camion et le dommage.
2. Absence de faute de la victime : La cour d'appel a conclu que les circonstances entourant le renversement de la poussette n'étaient pas suffisamment caractérisées pour établir une faute de la part de Michèle, la sœur de la victime. Cela a conduit à la conclusion que la société des Grands Moulins de Strasbourg ne pouvait pas s'exonérer de sa responsabilité.
3. Omission d'examiner la contribution du fait de la sœur : La Cour de cassation a critiqué la cour d'appel pour avoir subordonné l'exonération du gardien à la faute d'un tiers, sans examiner si le comportement de Michèle, même sans faute, avait contribué au dommage. Cela a conduit à une cassation de l'arrêt.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité du gardien : L'article 1384, alinéa 1er du Code civil stipule que "le gardien de la chose inanimée qui a été la cause du dommage est, de plein droit, responsable de celui-ci, à moins qu'il ne prouve qu'il a été mis dans l'impossibilité de l'éviter". Cela établit une présomption de responsabilité qui pèse sur le gardien, sauf preuve du contraire.
2. Conditions d'exonération : La décision souligne que l'exonération du gardien ne dépend pas uniquement de la faute d'un tiers, mais aussi de la nécessité d'examiner si le fait de ce tiers a contribué à la survenance du dommage. La Cour de cassation a noté que les juges du fond n'avaient pas "recherché si le fait imputé à [la sœur] n'avait pas concouru à la production du dommage".
3. Interprétation des faits : La cour d'appel a admis qu'il existait des "présomptions graves, précises et concordantes" quant au lien de causalité, mais n'a pas approfondi l'analyse de la contribution de la sœur, ce qui a été jugé insuffisant par la Cour de cassation.
En conclusion, cette décision met en lumière les nuances de la responsabilité délictuelle en matière de dommages causés par des choses inanimées, en insistant sur l'importance d'une analyse complète des faits et des comportements des parties impliquées.