Résumé de la décision
La commune de Toulon a affermé son service public des eaux et de l'assainissement à la Compagnie des eaux et de l'ozone (CEO) par un contrat d'affermage signé le 2 janvier 1990. M. A..., un agent de maîtrise détaché auprès de la CEO, a subi un accident du travail en 2006, entraînant une perte de vision. Après avoir perçu une rente d'accident du travail, il a demandé une indemnisation complémentaire en raison d'une faute inexcusable de son employeur. Suite à une série de décisions judiciaires, la compétence pour juger de ce litige a été finalement attribuée à la juridiction judiciaire, qui est la seule habilitée dans ce cadre, malgré le fait que le contrat d'affermage mentionne que les agents continuent de bénéficier du régime des fonctionnaires territoriaux pour ce qui concerne le risque d'accident du travail. La décision met donc en lumière la nature des relations entre M. A... et son employeur en fonction de son détachement, tout en annulant les jugements antérieurs rendus par la juridiction des affaires de sécurité sociale et la procédure administrative.
Arguments pertinents
1. Nature des rapports entre M. A... et la société : La décision insiste sur le fait que les rapports entre un fonctionnaire détaché et la société auprès de laquelle il est détaché relèvent du droit privé. Ainsi, le Tribunal conclut : "les rapports entre M. A... et la société auprès de laquelle il a été détaché, personne morale de droit privé, ne peuvent être que des rapports de droit privé."
2. Compétence juridictionnelle : Le Tribunal réaffirme que "la juridiction judiciaire est, par suite, seule compétente pour connaître de la demande de l'intéressé tendant à ce qu'une indemnisation complémentaire soit mise à la charge de la société..." Cela souligne l'importance de déterminer la juridiction appropriée en fonction de la nature du litige plutôt que des dispositions spécifiques de la convention.
3. Validité de la convention : Bien que la convention d'affermage prévoie un bénéfice de régime au titre des risques professionnels, cela ne modifie pas la compétence : "il appartient à la juridiction judiciaire de saisir la juridiction administrative d'une question préjudicielle." Ceci établit un cadre pour gérer les conflits d'interprétation éventuels qui pourraient surgir.
Interprétations et citations légales
1. Code de la sécurité sociale - Article L. 452-1 : Cet article est applicable dans le cadre des sollicitations d'indemnisation liées aux accidents du travail, traitant des fautes inexcusable des employeurs. Dans le contexte de la décision, l'article renforce le droit de M. A... à poursuivre une indemnisation, mais précise que cela se fait dans le cadre de la compétence judiciaire.
2. Loi n° 84-53 (26 janvier 1984) : Elle régit le statut des fonctionnaires territoriaux et est fondamentale pour établir les droits et obligations des fonctionnaires et des collectivités. Toutefois, le Tribunal souligne que cela ne modifie pas les dispositions sur la compétence, ce qui est crucial pour faire la distinction entre les régimes applicables.
3. Décret n° 2015-233 (27 février 2015) : Ce décret précise le cadre des relations entre les collectivités territoriales et les personnes privées dans les contrats d'affermage. Le Tribunal fait référence à ce cadre pour justifier que les questions relatives à la validité et à l'interprétation de la convention doivent être transférées à la juridiction judiciaire.
En conclusion, la décision établit que malgré les protections potentielles offertes par la législation pour les agents publics, la nature du litige nécessite que la compétence soit attribuée à un tribunal de droit commun, soulignant l'importance de l'interaction entre différents régimes de responsabilité.