Résumé de la décision
La décision concerne un conflit entre Mme A... et le préfet de police résultant d'un arrêté pris le 21 février 2013, qui a ordonné la fermeture du lot n° 130 de son immeuble, au motif qu'il était utilisé par des personnes s'adonnant à la prostitution. Mme A... a contesté cet arrêté, alléguant qu'il constituait une voie de fait, et a sollicité l'intervention du juge des référés. Le préfet a élevé le conflit, et le Tribunal des conflits a enfin confirmé l'arrêté de conflit en date du 6 octobre 2013. Il a suivi l'analogie entre l’arrêté du préfet et un pouvoir administratif légitime, concluant que la requérante ne pouvait pas se prévaloir d’une voie de fait.
Arguments pertinents
1. Compétence des juridictions judiciaires en cas de voie de fait : Le Tribunal a affirmé que la voie de fait justifie une intervention des juridictions judiciaires lorsque l'administration exécute une décision de manière irrégulière, ce qui porte atteinte à des droits, notamment la liberté individuelle ou un droit de propriété. Dans ce cas, il a précisé que l'administration n’a pas agi de manière illégitime.
2. Absence de preuve d'une voie de fait : Le Tribunal a mis en avant que l'arrêté du 21 février 2013 ne peut pas être considéré comme "manifestement insusceptible d'être rattaché à un pouvoir appartenant à l'autorité administrative". De plus, l'apposition de l'affiche sur la porte ne doit pas être interprétée comme une "exécution forcée" d'une mesure de police : "l'apposition de l'affiche ne constitue pas l'exécution forcée de la mesure de police".
Interprétations et citations légales
1. Voie de fait : Selon la décision, la voie de fait est définie comme un acte administratif ayant des effets d'atteinte à la liberté individuelle ou à un droit de propriété. La décision réaffirme que toutes les mesures prises par l’administration doivent pouvoir être justifiées par un pouvoir reconnu à celle-ci, conformément aux textes en vigueur.
2. Principe de séparation des autorités : Le Tribunal renvoie explicitement aux dispositions de la loi des 16-24 août 1790, qui établit le principe de séparation entre les autorités administrative et judiciaire, ainsi que le décret du 16 fructidor an III. La décision souligne que des exceptions à ce principe doivent être clairement établies, ce qui n'était pas le cas ici.
3. Code de procédure civile : Les articles 808 et 809 du Code de procédure civile sont mentionnés, en ce qu'ils permettent au juge des référés d'intervenir pour ordonner des mesures en cas de trouble manifestement illicite. Toutefois, l'absence de voie de fait explique pourquoi le recours de Mme A... a été jugé inapproprié.
Cette décision constitue ainsi une clarification importante des limites de l’intervention judiciaire face à l’exercice des pouvoirs administratifs lorsqu'il s'agit de présumer une voie de fait.