Résumé de la décision
La société Pacifica, compagnie d'assurances, a indemnisé les ayants-droit d'un assuré décédé après avoir été percuté par un train à Port Vendres. Elle a ensuite engagé une action en responsabilité contre la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et Réseau Ferré de France (RFF) devant le tribunal de grande instance de Perpignan. Les deux juridictions ont décliné leur compétence, entraînant la saisine du Tribunal des conflits par Pacifica. Ce dernier a décidé que la juridiction de l'ordre judiciaire est compétente pour connaître du litige opposant Pacifica à la SNCF, annulant l'ordonnance du juge de la mise en état et rejetant les conclusions de la SNCF concernant les frais.
Arguments pertinents
1. Compétence des juridictions judiciaires : Le Tribunal des conflits a affirmé que l'action en responsabilité de Pacifica contre la SNCF est régie par la loi du 31 décembre 1957, qui attribue la compétence aux tribunaux judiciaires pour les actions en responsabilité liées aux dommages causés par des véhicules. Il a précisé que "un train étant un véhicule au sens et pour l'application de ces dispositions, l'action en responsabilité exercée par la société Pacifica contre la SNCF relève de la compétence de la juridiction judiciaire".
2. Nullité de l'ordonnance : Le Tribunal a déclaré nulle et non avenue l'ordonnance du juge de la mise en état du tribunal de grande instance de Perpignan, qui avait statué sur la demande de Pacifica contre la SNCF, soulignant ainsi l'absence de compétence de la juridiction judiciaire dans ce cas.
3. Frais non pris en charge : Le Tribunal a également décidé qu'il n'y avait pas lieu d'appliquer l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991, qui aurait permis à la SNCF de demander le remboursement de ses frais, en raison des circonstances de l'affaire.
Interprétations et citations légales
1. Loi du 31 décembre 1957 : Cette loi est essentielle pour déterminer la compétence des juridictions en matière de responsabilité liée aux véhicules. L'article 1er stipule : "Par dérogation à l'article 13 de la loi des 16-24 août 1790 sur l'organisation judiciaire, les tribunaux de l'ordre judiciaire sont seuls compétents pour statuer sur toute action en responsabilité tendant à la réparation des dommages de toute nature causés par un véhicule quelconque". Cette disposition a été interprétée par le Tribunal des conflits comme s'appliquant également aux trains, considérés comme des véhicules.
2. Décret du 26 octobre 1849 : L'article 17 de ce décret précise que lorsque les deux ordres de juridiction se déclarent incompétents, le recours doit être exercé directement par les parties intéressées. Cela a permis à Pacifica de saisir le Tribunal des conflits pour trancher la question de compétence.
3. Loi du 10 juillet 1991 : L'article 75-I de cette loi concerne les frais non compris dans les dépens. Le Tribunal a décidé de ne pas faire application de cet article dans le cas présent, soulignant que les circonstances de l'affaire ne justifiaient pas une telle décision.
En somme, cette décision illustre l'importance de la loi de 1957 dans la détermination de la compétence judiciaire en matière de responsabilité liée aux accidents impliquant des véhicules, tout en clarifiant les procédures à suivre lorsque les juridictions se déclarent incompétentes.