Résumé de la décision
Dans cette affaire, les époux C... et la SCEA Val de Saône ont saisi le tribunal judiciaire de Paris aux fins d'annuler l'ordre d'expulsion et la démolition de leur bâtiment, qu'ils considéraient comme étant des actes constitutifs de voies de fait et de fautes personnelles détachables du service. Ces opérations avaient été ordonnées dans le cadre d'une procédure judiciaire antérieure. Le Tribunal des conflits a confirmé l'arrêté de conflit pris par le préfet de la région Ile-de-France en date du 15 février 2023, en considérant que les interventions de l'administration étaient justifiées et légales, en raison de l'existence de décisions judiciaires préalables et que les conditions d'une voie de fait n'étaient pas réunies.
Arguments pertinents
1. Absence de voie de fait : La décision souligne que pour qu'il y ait voie de fait, l'administration doit avoir exécuté une décision de manière irrégulière ou avoir pris une décision manifestement insusceptible d’être rattachée à un pouvoir administratif. La cour rappelle que « l'administration n'a procédé à l'exécution forcée, dans des conditions irrégulières, d'une décision, même régulière, portant atteinte à la liberté individuelle... » (point 2).
2. Validité des décisions judiciaires : Le Tribunal indique que les opérations d'expulsion et de démolition avaient été ordonnées par des jugements antérieurs et exécutées légalement. Il note qu'il n'existe pas d'éléments montrant que ces décisions étaient irrégulières ou inappropriées.
3. Absence de faute personnelle : La décision précise que, de plus, il n’a pas été démontré qu’une faute personnelle détachable du service ait été commise par les agents impliqués dans la procédure. (point 4).
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes de loi, qui clarifient les tâches des juridictions administratives et judiciaires dans les cas d'exécution forcée :
- Loi des 16-24 août 1790 : Établit le principe de séparation des pouvoirs judiciaires et administratifs, ce qui indique que les conflits entre les deux doivent être résolus avec prudence.
- Code de l'urbanisme : Implicite dans la mesure où il régule la construction et la démolition de biens, sans lien spécifique cité dans le jugement. Cependant, il joue un rôle dans l’interprétation des droits de propriété.
- Loi du 24 mai 1872 : Établit le cadre juridique général concernant les contentieux administratifs en France. Ce cadre est crucial pour la qualification des actes des autorités administratives.
- Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Bien qu'il n'ait pas été cité explicitement dans la décision, il se rapporte à la procédure administrative moderne et peut être sous-jacent dans les justifications des actions administratives jugées conformes à la loi.
L'interprétation des faits dans le contexte de ces textes souligne l'importance de respecter le cadre judiciaire en matière d'expulsions et de démolitions. La décision conclut qu'étant donné que les actions entreprises ne s’écartent pas des préceptes juridiques établis, les intimations des époux C... et de la SCEA Val de Saône n'avaient pas de fondement solide.