Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... a été recrutée par le centre communal d'action sociale de Fécamp par des contrats de travail pour effectuer des remplacements dans le domaine de l'aide à domicile. Elle a saisi le conseil de prud'hommes du Havre, arguant d'un licenciement abusif et demandant des indemnités. En réponse, le préfet a émis un déclinatoire de compétence, ce qui a conduit le conseil des prud'hommes à déclarer sa compétence, avant d'être absenté au profit de la juridiction administrative par un arrêté de conflit. Le Tribunal des Conflits a reconnu Mme A... comme agent de droit public, confirmant ainsi la compétence de la juridiction administrative, et a annulé le jugement du conseil de prud'hommes.
Arguments pertinents
1. Compétence des juridictions : Le Tribunal a statué que la juridiction judiciaire (conseil de prud'hommes) n'est pas compétente pour traiter le litige relatif à Mme A... parce que celle-ci bénéficie de la qualification d'agent public. En effet, la loi stipule clairement que les agents non statutaires travaillant pour un service public administratif sont des agents contractuels de droit public. Cela a été déterminé à travers l'article L. 123-6 du Code de l'action sociale et des familles : « le centre d'action sociale est un établissement public administratif communal ou intercommunal ».
2. Nullité de la procédure précédente : Le Tribunal a souligné que, lorsqu'une juridiction rejette un déclinatoire de compétence, elle doit suspendre son action durant le délai octroyé au préfet pour élever le conflit. Ainsi, le jugement du conseil de prud'hommes du 10 avril 2013, qui statue au fond et écarte le déclinatoire, a été déclaré nul et non avenu.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la qualité d'agent public : Selon l’article L. 123-6 du Code de l'action sociale et des familles, « le centre d'action sociale est un établissement public administratif communal ou intercommunal ». Cette définition fait ressortir que les employés de ces centres, même non titulaires, sont classés comme agents contractuels de droit public. Cette interprétation est cruciale pour établir la compétence des juridictions administratives plutôt que judiciaires.
2. Procédure de déclinatoire de compétence : La nécessité d’un sursis à statuer lorsque un déclinatoire est demandé est un principe fondamental qui protège le fonctionnement des juridictions. Ce principe a été appliqué lorsque le Tribunal a jugé que « le jugement du conseil de prud'hommes du 10 avril 2013, qui statue au fond par la même décision qui écarte le déclinatoire de compétence, doit être déclaré nul et non avenu ».
Cette décision illustre l'importance de la distinction entre les juridictions judiciaires et administratives, et souligne le traitement des agents publics dans le cadre des relations de travail, mettant en avant la primauté de la compétence administrative dans les litiges les impliquant.