Résumé de la décision
M. D..., un ressortissant angolais, a demandé l'annulation de l'arrêté du 7 novembre 2018 du préfet du Nord, qui ordonnait son transfert aux autorités portugaises dans le cadre du règlement (UE) n° 604/2013. Après avoir introduit un recours devant le tribunal administratif, le délai de six mois pour son transfert a été interrompu. Le tribunal a constaté que la France était devenue responsable de l'examen de sa demande d'asile à partir du 27 juin 2019, rendant sans objet la demande d'annulation de l'arrêté. Par conséquent, le tribunal a décidé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur les conclusions de M. D... et a rejeté les autres demandes.
Arguments pertinents
1. Interruption du délai de transfert : Le tribunal a souligné que l'introduction d'un recours contre la décision de transfert interrompt le délai de six mois prévu par le règlement (UE) n° 604/2013. Cela signifie que le délai recommence à courir à partir de la date à laquelle le tribunal statue sur la demande. Le tribunal a affirmé : « l'introduction d'un recours devant le tribunal administratif contre la décision de transfert a pour effet d'interrompre le délai de six mois ».
2. Responsabilité de l'État : En l'absence de notification d'une décision de prolongation du délai de transfert, la France est devenue responsable de l'examen de la demande d'asile de M. D... à la date du 27 juin 2019. Le tribunal a noté que « la France est devenue responsable de l'examen de la demande de protection internationale de M. D... à la date du 27 juin 2019 ».
3. Caducité de la décision de transfert : La caducité de l'arrêté de transfert, survenue après l'introduction de la requête, a conduit à l'absence d'objet de la demande d'annulation. Le tribunal a conclu qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur cette demande, car « la caducité de cette décision [...] a pour effet de priver d'objet sa demande tendant à l'annulation du jugement du 14 décembre 2018 ».
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 : Ce règlement établit les critères et mécanismes pour déterminer l'État membre responsable de l'examen d'une demande d'asile. L'article 29, paragraphe 1, stipule que le transfert doit s'effectuer « dès qu'il est matériellement possible et, au plus tard, dans un délai de six mois ». Le paragraphe 2 précise que si le transfert n'est pas exécuté dans ce délai, « l'État membre responsable est libéré de son obligation de prendre en charge ou de reprendre en charge la personne concernée ».
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : L'article L. 742-3 indique que « l'étranger dont l'examen de la demande d'asile relève de la responsabilité d'un autre État peut faire l'objet d'un transfert vers l'État responsable de cet examen ». L'article L. 742-4, quant à lui, précise que l'étranger peut demander l'annulation de la décision de transfert dans un délai de quinze jours.
3. Effets de l'introduction d'un recours : L'article L. 742-5 stipule que la décision de transfert ne peut être exécutée avant l'expiration d'un délai de quinze jours, ce qui renforce l'idée que le recours suspend l'exécution de la décision.
En conclusion, la décision du tribunal administratif repose sur une interprétation rigoureuse des délais et des responsabilités établis par le droit européen et national en matière d'asile, confirmant que la France est devenue responsable de l'examen de la demande d'asile de M. D... suite à l'interruption du délai de transfert.