Résumé de la décision :
La cour a été saisie d'un recours par le ministre des finances et des comptes publics, visant à annuler un jugement du tribunal administratif de Lille qui avait déchargé M. A... de cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu et de contributions sociales pour les années 2005 et 2006. Ces impositions avaient été fondées sur le fait que les bénéfices des sociétés civiles immobilières dont M. A... était gérant et associé étaient considérés comme des revenus distribués. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant la demande du ministre et concluant que ce dernier n'avait pas démontré que M. A... avait effectivement appréhendé ces bénéfices.
Arguments pertinents :
1. Charge de la preuve : La cour rappelle que, selon l'article 109 du Code général des impôts, il incombe à l'administration d'apporter la preuve que le contribuable a effectivement disposé des sommes considérées comme distribuées. En l'espèce, elle souligne que le ministre n’a pas prouvé que M. A... avait la maîtrise des comptes des SCI, malgré sa position de gérant.
> "il incombe à l'administration d'apporter la preuve que [le contribuable] en a effectivement disposé."
2. Statut de gérant et associé : Bien que M. A... soit l'unique gérant de droit et détienne 90 % du capital de certaines SCI, la cour explique que cela ne suffit pas à prouver qu'il était le maître de l'affaire au point d'avoir appréhendé les bénéfices, et que l'administration n'a pas montré qu'il avait l’autorité suffisante pour le faire.
> "...la circonstance que M. A... a représenté ces SCI et signé plusieurs actes de ventes d'immeubles [...] ne démontre pas, en l'absence de tout autre élément produit, qu'il dispose des pouvoirs les plus étendus."
3. Absence de preuve d'appréhension des bénéfices : La cour conclut que le ministre des finances ne fournit pas les éléments nécessaires pour établir que M. A... a effectivement reçu les bénéfices qui lui sont attribués. Cela aboutit à un rejet de la demande d'imposition supplémentaire.
> "l'administration n'établit pas [...] que M. A... est le seul maître de l'affaire et qu'il doit ainsi être regardé comme ayant appréhendé les bénéfices dissimulés."
Interprétations et citations légales :
1. Article 109 du Code général des impôts : Ce texte établit clairement que les revenus distribués sont considérés comme tels lorsqu'ils ne sont pas mis en réserve ou incorporés au capital. Il impose une condition préalable pour que des bénéfices soient considérés comme des revenus imposables, ce qui met en lumière l'importance de prouver l'appréhension effective de ces montants par le contribuable.
> "Sont considérés comme revenus distribués : [...] Tous les bénéfices ou produits qui ne sont pas mis en réserve ou incorporés au capital (...)"
2. Preuve de la disposition des bénéfices : La cour se fonde sur le principe selon lequel la charge de la preuve incombe à l’administration lorsque les propositions de rectification sont contestées par le contribuable. Cela renforce le droit du contribuable à faire valoir que, sans preuve explicite de l'administration, les impositions ne peuvent être affirmées.
> "il incombe à l'administration d'apporter la preuve que [le contribuable] en a effectivement disposé."
Cette décision illustre les complexités de la fiscalité des sociétés et le besoin d'une preuve solide de la part de l'administration fiscale pour établir la responsabilité fiscale d'un contribuable, notamment dans le cas de sociétés contrôlées par un unique gérant.