Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. et Mme C..., de nationalité iranienne, ont contesté des arrêtés du préfet du Pas-de-Calais leur refusant une carte de résident en qualité de réfugiés et leur enjoignant de quitter le territoire français. Par un jugement du 11 mai 2017, le tribunal administratif de Lille a annulé ces arrêtés. Le préfet a alors interjeté appel de cette décision. Toutefois, suite à la délivrance par le préfet de récépissés de demande de carte de séjour à M. et Mme C... en mai 2018, les arrêtés contestés ont été implicitement abrogés, rendant sans objet la requête du préfet. La cour a également condamné l'Etat à verser une somme à l’avocat des intimés en raison de l'aide juridictionnelle.
Arguments pertinents
1. Absence d'objet de la requête : La cour a constaté que l’abrogation des arrêtés par le préfet a entraîné une disparition rétroactive de l’ordonnancement juridique de ces actes. Conformément à la jurisprudence, lorsque l'administration abroge un acte avant que le juge n'ait statué et que cet acte n'a reçu aucune exécution, la requête devient sans objet. La cour a énoncé que :
> "Un recours pour excès de pouvoir dirigé contre un acte administratif n'a d'autre objet que d'en faire prononcer l'annulation avec effet rétroactif".
2. Délivrance des récépissés : La délivrance de récépissés de demande de carte de séjour aux intéressés a également contribué à rendre le recours sans objet, car cela a entraîné l'abrogation des arrêtés du 1er mars 2017. La cour a noté que :
> "Ces décisions n'ont reçu aucune exécution. Il n'est pas contesté que ces abrogations sont devenues définitives".
Interprétations et citations légales
La décision se base sur plusieurs textes et principes juridiques :
1. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article1854 stipule que les frais d'instance peuvent être compensés par l'Etat, particulièrement en cas d'admission à l'aide juridictionnelle. La cour a appliqué cet article en condamnant l'Etat à verser une somme à l'avocat des intimés. La décision souligne :
> "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce... de mettre à la charge de l'Etat le versement d'une somme de 1 000 euros".
2. Code des relations entre le public et l'administration - Articles sur l'abrogation: La jurisprudence relative à l'abrogation des actes administratifs a été un point clé dans cette décision. Le principe est que l'abrogation d'un acte par une autorité compétente implante une nouvelle situation juridique. La cour a rappelé que :
> "Cette circonstance prive d'objet le pourvoi formé à son encontre, à la double condition que cet acte n'ait reçu aucune exécution...".
En conclusion, cette décision illustre l'importance de l'abrogation des actes administratifs et les conséquences sur le recours qui devient sans objet, tout en intégrant des bénéfices potentiels en matière d'aide juridictionnelle pour les parties concernées.