Résumé de la décision
La société Astriam Sécurité Picardie, représentée par son liquidateur judiciaire, conteste un jugement du tribunal administratif d'Amiens qui avait annulé l'autorisation de licenciement de M. C... A..., un de ses salariés. Les faits remontent à une altercation entre M. A... et un agent de sa propre équipe le 23 juin 2015, après laquelle l'entreprise avait demandé l'autorisation de le licencier pour motif disciplinaire. L'inspecteur du travail avait initialement refusé cette demande, mais une seconde demande avait été validée avant d'être annulée par le ministre du travail. Le tribunal administratif a jugé que l'employeur avait déjà exercé son pouvoir disciplinaire en diminuant la prime de performance individuelle de M. A... et que le licenciement basé sur les mêmes faits était donc infondé. La cour a rejeté la requête de la société Astriam Sécurité Picardie, confirmant la décision du tribunal administratif.
Arguments pertinents
1. Épuisement du pouvoir disciplinaire : La cour rappelle que lorsque l'employeur impose une sanction à un salarié, il épuise son pouvoir disciplinaire concernant les mêmes faits. Dans cet affaire, la diminution de la prime de M. A... pour comportement fautif constitue une sanction qui empêche l'employeur de demander ultérieurement l'autorisation de le licencier.
- Citation : "Cette réduction de primes constitue donc une sanction. Par suite, l'employeur avait épuisé son pouvoir disciplinaire."
2. Double sanction interdite : Le jugement indique qu'il est inacceptable qu'un salarié soit sanctionné deux fois pour les mêmes faits. La cour souligne que le timing des sanctions n’influe pas sur ce principe fondamental du droit du travail.
- Citation : "La circonstance que la diminution de prime ait eu lieu postérieurement à la convocation du salarié [...] ne saurait justifier que M. A... soit sanctionné deux fois pour les mêmes faits."
Interprétations et citations légales
- Code du travail - Article 1331-1 : Cet article définit ce qu'est une sanction infligée par l'employeur, stipulant que toute mesure prise à l'égard d'un salarié pour un acte jugé fautif est considérée comme telle. Cela inclut des conséquences sur le salaire ou la carrière.
- Citation : "Constitue une sanction toute mesure, autre que les observations verbales, prise par l'employeur à la suite d'un agissement du salarié considéré par l'employeur comme fautif."
- Code du travail - Article L. 1232-1 : Cet article exige que tout licenciement pour motif personnel soit justifié par une cause réelle et sérieuse. Dans cette affaire, le non-respect des dispositions en matière de sanctions disciplinaires a été déterminant pour considérer que le licenciement n’était pas justifié.
- Citation : "Tout licenciement pour motif personnel est motivé dans les conditions définies par le présent chapitre. / Il est justifié par une cause réelle et sérieuse."
Ces éléments législatifs contribuent à ancrer la décision rendue dans le respect des droits du salarié et des obligations de l'employeur en matière de procédure disciplinaire. La décision réaffirme l'importance d'une application rigoureuse des règles de droit en matière de droit du travail.