Résumé de la décision
M. A..., agent technique de la commune de Lempdes, conteste un arrêté du maire du 2 avril 2015 qui avait abaissé le coefficient multiplicateur de ses indemnités. Par un jugement du 13 avril 2017, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a annulé cet arrêté. La commune de Lempdes a fait appel, soutenant que le jugement était erroné. Le Conseil d'État a rejeté l'appel de la commune, confirmant que le maire avait indûment pris en compte l'absentéisme de M. A... pour établir les coefficients des indemnités, ce qui constituait une erreur de droit. En conséquence, les conclusions de la commune visant à faire supporter des frais à M. A... ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Critères d'attribution des indemnités : La commune a essayé de défendre que le maire avait agi dans la légalité en considérant l'absentéisme dans la fixation des coefficients des indemnités. Cependant, le tribunal a précisé que, selon la délibération de la commune, bien que l'absentéisme puisse influencer le versement des primes, il ne pouvait pas être à la base de la détermination des coefficients multiplicateurs :
> "L'absentéisme n'est pas au nombre des critères retenus par la délibération pour l'attribution individuelle des coefficients multiplicateurs."
2. Erreur de droit : Le tribunal a confirmé que le maire avait commis une erreur de droit en incluant l'absentéisme dans la prise de décision, justifiant ainsi l'annulation de l'arrêté. La décision stipule clairement que le maire n'aurait pas dû tenir compte de ce critère :
> "En retenant le critère de l'absentéisme pour fixer les coefficients litigieux, le maire a entaché sa décision d'une erreur de droit de nature à justifier son annulation."
3. Rejet des conclusions concernant les frais : Enfin, le tribunal a refusé d’ordonner à M. A... de payer des frais non compris dans les dépens, soulignant l'absence de perte du côté de M. A... :
> "Les dispositions de L. 761-1 du code de justice administrative faisant obstacle à ce que soit mis à charge de M. A... qui n'est pas la partie perdante une somme à ce titre."
Interprétations et citations légales
1. Loi du 26 janvier 1984 : Selon l’article 88, c’est l’assemblée délibérante qui fixe les régimes indemnitaires. Cela implique que le maire ne pouvait pas décider unilatéralement d’inclure des critères non prévus par l'assemblée.
> Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 - Article 88 : "L'assemblée délibérante de chaque collectivité territoriale ou le conseil d'administration d'un établissement public local fixe les régimes indemnitaires dans la limite de ceux dont bénéficient les différents services de l'Etat."
2. Décret n° 97-1223 et décret n° 2002-61 : Ces décrets stipulent que les indemnités sont calculées sur la base de coefficients, sans référence explicite à l'absentéisme pour leur attribution, renforçant ainsi l'argument selon lequel le maire a outrepassé ses prérogatives :
> Décret n° 97-1223 du 26 décembre 1997 et Décret n° 2002-61 du 14 janvier 2002 : Concernant la nature et les conditions d'attribution des indemnités des fonctionnaires.
Cette analyse met en avant la nécessité pour les autorités locales de respecter les cadres juridiques établis pour la distribution des indemnités, engendrant ainsi un cadre de protection pour les agents publics.