Résumé de la décision
Dans une affaire opposant l'association de défense des contribuables d'Aigues-Vives à la commune d'Aigues-Vives, la cour administrative a examiné la légalité d'une délibération prise le 21 octobre 2013, accordant une protection fonctionnelle au maire en raison d'accusations de dysfonctionnement liées à un droit de préemption. En rejetant la requête de l'association, la cour a confirmé que la délibération était légale, précisant que le conseil municipal avait agi conformément aux règles applicables. De plus, la cour a condamné l'association à verser 2 000 euros à la commune, au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Sur la participation du maire : La cour a constaté que le maire n'était pas présent lors de l’adoption de la délibération accusée, ce qui, selon l'article L. 2131-11 du code général des collectivités territoriales, évite un conflit d'intérêt. La délibération a été adoptée en son absence, ce qui en garantit la légalité. La cour a précisé : "la seule circonstance que la délibération précise que cette question mise à l'ordre du jour a été adoptée à l'unanimité ne saurait établir qu'elle aurait été irrégulièrement approuvée en présence du maire."
2. Sur la nature de la délibération : La cour a soutenu que la délibération visait la protection fonctionnelle du maire face à des allégations le concernant personnellement. Il a été déterminé que conférer une telle protection était conforme à l'article L. 2123-35 du code général des collectivités territoriales, qui stipule que "la commune est tenue de protéger le maire ou les élus municipaux [...] contre les violences, menaces ou outrages dont ils pourraient être victimes à l'occasion ou du fait de leurs fonctions".
3. Sur les accusations de fautes : La cour a statué que les allégations de fautes imputées au maire, bien qu'éventuellement fondées, n'avaient pas d'incidence sur la légalité de la délibération. En effet, il a été précisé que "la circonstance, à la supposer même fondée, que des faits délictueux, commis dans l'exercice de ses fonctions, pourraient être reprochés au maire d’Aigues-Vives est sans influence sur la légalité de la délibération critiquée."
4. Sur le rejet de l'application de l'article 40 du code de procédure pénale : La cour a également déterminé qu'elle n'avait pas à appliquer la procédure décrite dans cet article, rejetant ainsi les demandes de l'association en ce sens.
5. Sur les frais de justice : En jugeant que la commune n’était pas la partie perdante, la cour a imposé à l'association de verser 2 000 euros à la commune au titre des frais de justice, conformément à l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Interprétations et citations légales
1. Conflit d’intérêt : L'absence du maire lors de la délibération a été jugée conforme à l'article L. 2131-11 du Code général des collectivités territoriales : "Sont illégales les délibérations auxquelles ont pris part un ou plusieurs membres du conseil intéressés à l'affaire qui en fait l'objet". Cela souligne l'importance de l’absence d'intérêts personnels pour garantir la légitimité des délibérations.
2. Protection fonctionnelle : L'article L. 2123-35 du même code stipule : "Le maire ou les élus municipaux le suppléant ou ayant reçu délégation bénéficient, à l'occasion de leurs fonctions, d'une protection organisée par la commune". Cette disposition justifie que le conseil municipal ait accordé une protection au maire face à des accusations qui le visent spécifiquement.
3. L'absence d'incidence des accusations sur la légalité : La cour a mis en avant que les accusations portées contre le maire n'affectent en rien le caractère légal de la délibération, établissant ainsi que la légalité d'une délibération peut être indépendante des potentiels comportements fautifs attribués à ses acteurs.
En conclusion, la cour a non seulement réaffirmé l'importance du respect des procédures et des règlements lors des délibérations municipales, mais elle a aussi renforcé le principe de la protection fonctionnelle accordée aux élus dans l'exercice de leurs fonctions, favorisant ainsi un climat de sécurité pour l'exercice des mandats.