Résumé de la décision
La SCI U Mio Paese a demandé l'annulation d'un jugement du tribunal administratif de Bastia qui avait annulé une autorisation d'urbanisme tacite concernant la construction de deux maisons mitoyennes dans la commune d'Oletta. Le tribunal avait statué à la demande du préfet de la Haute-Corse, arguant que le projet ne respectait pas les dispositions du code de l'urbanisme sur l'urbanisation en continuité avec des constructions existantes. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant la requête de la SCI U Mio Paese et ses conclusions au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Urbanisation en continuité : La Cour a soutenu que le projet de construction ne s'insérait pas dans un groupe de constructions existant, en raison de la dispersion et de la distance entre les habitations environnantes. "Compte tenu de la nature des constructions existantes qui sont peu nombreuses, des distances qui les séparent, elles ne peuvent être regardées comme un groupe de constructions au sens des dispositions précitées."
2. Nature du terrain : L'analyse du terrain a mis en évidence un habitat épars, sans caractéristiques d'un hameau ou d'un groupement de construction. Le jugement a souligné que même si certaines habitations étaient contiguës, cela ne suffisait pas à établir une continuité urbaine au sens de l'article L. 145-3 du code de l'urbanisme.
3. Droit à l'urbanisme : La Cour a déclaré que la SCI U Mio Paese n'était pas fondée à soutenir l'illégalité du jugement administratif, notant que l'urbanisation doit se réaliser en continuité avec des constructions existantes et que le projet en question n'atteignait pas ce critère.
Interprétations et citations légales
Les principaux textes de loi appliqués dans cette décision comprennent :
- Code de l'urbanisme - Article L. 145-3 : Cet article stipule que l'urbanisation doit se dérouler en continuité avec des constructions existantes, sauf pour des exceptions spécifiques. Le tribunal a interprété cela comme un cadre restrictif, nécessitant une identification claire d'un groupement de constructions pour que de nouveaux projets soient autorisés.
> "Sous réserve de [...] l'urbanisation doit se réaliser en continuité avec les bourgs, villages, hameaux, groupes de constructions traditionnelles ou d'habitations existants."
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article concerne les frais de justice et stipule que l'État ne peut être condamné à rembourser les dépens si ce n'est pas une partie perdante. La Cour a justifié le rejet de la demande de la SCI U Mio Paese pour ces frais en soulignant que l'État n'avait pas la qualité de partie perdante de l'instance.
> "L'Etat n'ayant pas la qualité de partie perdante à l'instance, les conclusions de la requérante fondées sur les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ne peuvent qu'être rejetées."
Cette analyse montre que le jugement a été fondé sur une interprétation stricte des critères d'urbanisation, en favorisant la protection d'un cadre de vie cohérent et organisé contre des projets isolés qui pourraient compromettre cette continuité.