Résumé de la décision
La décision concerne une requête de La Poste visant à annuler un jugement du tribunal administratif de Besançon du 2 décembre 2014, qui avait annulé un blâme infligé à Mme D..., fonctionnaire de La Poste. La Poste soutient que Mme D... ne disposait pas des moyens nécessaires pour accomplir ses missions de contrôle des caisses des bureaux de poste, alors que Mme D... argue qu'elle n'avait ni véhicule personnel ni autorisation valable pour utiliser un véhicule de service. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, considérant que La Poste n'avait pas fourni les moyens nécessaires pour l'exercice de ses missions et en conséquence, le blâme est annulé.
Arguments pertinents
1. Obligation statutaire : La cour a statué qu'aucune obligation légale n'impose aux fonctionnaires de La Poste de posséder un véhicule personnel pour accomplir leurs missions :
> "Aucune obligation statutaire n'impose aux fonctionnaires de la Poste de posséder un véhicule personnel ni d'assurer, par leurs propres moyens, les déplacements nécessaires à la réalisation des missions qui leur sont confiées."
2. Moyens à la disposition : Il ressort des pièces du dossier que La Poste n’a pas prouvé que Mme D... disposait effectivement d’un véhicule de service pour réaliser ses missions. La Poste a échoué à établir que l'agent avait refusé à plusieurs reprises d'utiliser un transport proposé :
> "La Poste n'apporte pas d'élément au soutien de ses allégations selon lesquelles l'agent intéressé aurait refusé, à plusieurs reprises, d'utiliser un tel véhicule."
3. Refus mal interprété : Le refus supposé de Mme D... d'utiliser un véhicule personnel a été interprété trop largement. Sa demande d'éclaircissement sur les conditions d'utilisation d’un véhicule personnel ne peut être requalifiée en un refus d'obtempérer :
> "Cette demande a été interprétée comme un refus d'obtempérer ayant conduit à la décision de sanction en litige."
Interprétations et citations légales
Les dispositions réglementaires et législatives se sont révélées cruciales dans la décision :
- Décret n° 92-1182 du 30 octobre 1992 : Ce décret précise les règles concernant les déplacements professionnels des agents de La Poste, mais n'impose pas la possession d'un véhicule personnel pour effectuer une mission.
- Décision du Conseil d'administration de La Poste n° 890 du 15 juin 1995 : Elle indique les conventions sur l'utilisation des véhicules de service et le cas échéant, l'autorisation d'utiliser un véhicule personnel. Cela illustre que la mise à disposition d'un véhicule de service était la norme, mais n'impose pas un usage systématique différents des moyens de transport.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que la partie perdante peut être condamnée à payer une somme pour couvrir les frais exposés par l'autre partie. Dans la décision, il est mentionné que les conclusions de La Poste à cet égard sont rejetées :
> "Il y a également lieu de rejeter ses conclusions tendant à l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
En somme, la décision illustre l'importance des obligations d'employeurs en matière de mise à disposition des moyens nécessaires à l'exécution des missions des fonctionnaires, et comment la mauvaise interprétation d’une demande peut conduire à des sanctions inappropriées.