Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel a rejeté la requête du préfet du Doubs, qui contestait un jugement du tribunal administratif de Besançon annulant un arrêté de refus de titre de séjour pour Mme B..., une ressortissante bosniaque. Mme B... vivait en concubinage avec un compatriote réfugié et avait un enfant avec lui. Le tribunal a jugé que l'arrêté du préfet portait atteinte à son droit au respect de sa vie privée et familiale, violation confirmée par la cour d'appel. De plus, la cour a ordonné à l'État de verser 1 500 euros à l'avocat de Mme B... au titre de l'aide juridictionnelle.
Arguments pertinents
1. Violation de l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme :
La cour a fait valoir que l’arrêté du préfet portait une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée et familiale de Mme B... Ce droit est protégé par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme (Article 8), qui stipule que "toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale".
2. Prise en compte de la situation familiale :
La cour a relevé que Mme B... vivait avec son compagnon réfugié et leur enfant, et qu'aucune preuve n'existait de la possibilité pour eux de reconstituer leur cellule familiale ailleurs qu'en France. Cela a joué un rôle crucial dans le jugement. En particulier, la cour a noté qu'il n'était pas établi que le compagnon et l'enfant pourraient être accueillis dans un autre pays.
3. Absence d'alternative adéquate :
Il a été souligné que « leur fils, bien que mineur, s'est également vu reconnaître la qualité de réfugié », ne justifiant pas l'éloignement de Mme B... dans un pays dont elle est originaire.
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme :
- Citation : "Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale... Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui... est nécessaire à la sécurité nationale... ou à la protection des droits et libertés d'autrui."
- Interprétation : L'ingérence dans le droit au respect de la vie familiale doit être justifiée par des raisons impérieuses, qui doivent être équilibrées par rapport aux droits des individus concernés.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 761-1 :
- Cet article impose que l'État rembourse les frais juridiques aux personnes bénéficiant de l'aide juridictionnelle. La cour a décidé que l'État devait verser une somme à l'avocat de Mme B..., ce qui reflète le principe de prise en charge des frais par l'État lorsque les droits des requérants sont reconnus.
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 :
- Le montant de 1 500 euros dû à l'avocat a été accordé dans le cadre de l'aide juridictionnelle, toute somme supplémentaire étant conditionnée à la renonciation à la part contributive de l'État.
La décision met ainsi en lumière l'importance de la protection des droits de la famille dans le cadre des décisions administratives concernant le séjour des étrangers, tout en soulignant la responsabilité de l'État envers les procédures juridiques.