Résumé de la décision
Mme C..., ressortissante libérienne, a contesté un jugement du tribunal administratif de Nantes qui avait rejeté sa demande d'annulation d'une décision du ministre de l'intérieur, datée du 3 juillet 2012, ajournant sa demande de naturalisation jusqu'au 14 mars 2014. Le ministre avait justifié sa décision par l'insuffisance de revenus de Mme C... à l'époque de la décision contestée. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant les arguments de Mme C... et concluant que la décision initiale avait été correctement fondée.
Arguments pertinents
1. Réception des conditions de naturalisation : Mme C... soutenait qu'elle remplissait les conditions d'acquisition de la nationalité française, prévues par le Code civil - Article 21-16, mais la cour a précisé que la décision du ministre d'ajournement était fondée sur l'article 48 du décret du 30 décembre 1993, qui accorde une appréciation d'opportunité au ministre.
2. Évaluation des revenus : Le ministre a constaté que Mme C... ne disposait pas de revenus autonomes suffisants, dépendant principalement de prestations sociales à la date de la décision litigieuse. La cour a confirmé que, selon l'évaluation du dossier, il n'y avait pas lieu de prendre en compte les contrats de travail conclus après la décision.
3. Motivation de la décision : La cour a conclu que le jugement du tribunal administratif était suffisamment motivé et a précisé que la légalité d'une décision doit s'apprécier au moment où elle a été prise.
Interprétations et citations légales
- Appréciation d'opportunité par le ministre : L'article 21-15 du Code civil stipule que "l'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger". Ainsi, le ministre peut refuser une demande en s'appuyant sur ses propres critères d'opportunité, notamment le degré d'autonomie matérielle du requérant.
- Délai d'ajournement : Selon le décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 - Article 48, si le ministre estime qu'une demande de naturalisation ne peut être accordée, il peut prononcer un ajournement. Cela signifie que même si les conditions sont remplies, le ministre peut juger qu'il n'est pas opportun d'accorder la naturalisation à ce moment-là.
- Évaluation des ressources et délais : La cour a noté que "la légalité d'une décision s'appréciant à la date à laquelle elle a été prise", ce qui signifie que les événements postérieurs (comme l'acquisition d'un emploi) ne peuvent influencer l'appréciation de la situation au moment de la décision. C'est un principe fondamental dans le droit administratif, soulignant l'importance du moment d'évaluation dans la prise de décision par les autorités.
En conclusion, la cour a validé la décision du tribunal administratif, considérant les arguments de Mme C... comme non fondés, tout en réaffirmant le pouvoir d'appréciation du ministre en matière de naturalisation et la nécessité de satisfaire aux exigences financières à la date de la demande.