Résumé de la décision
La requérante, Mme D..., infirmière au centre hospitalier public du Cotentin, a contesté le refus de l'établissement de lui verser un rappel de bonification indiciaire suite à son reclassement dans le corps des infirmiers en soins généraux et spécialisés. Elle a soutenu que ce refus violait le principe d'égalité de traitement entre agents. Le tribunal administratif de Caen a rejeté sa demande, décision confirmée par la cour administrative d'appel. La cour a jugé que l'avancement d'échelon ne pouvait avoir d'effet financier avant la date de création du nouveau corps, et que le principe d'égalité ne s'appliquait pas dans ce cas.
Arguments pertinents
1. Droit d'option et effet financier : La cour a souligné que, selon l'article 37 de la loi n° 2010-751 du 5 juillet 2010, le reclassement de Mme D... dans le nouveau corps des infirmiers n'a pu produire d'effets financiers avant le 1er décembre 2010, date de création de ce corps. La cour a affirmé : « l'avancement de la requérante à la durée minimale dans son corps de reclassement, lequel n'avait pas d'existence juridique entre le 28 septembre et le 30 novembre 2010, ne pouvait emporter d'effet financier avant cette date. »
2. Principe d'égalité de traitement : La cour a également précisé que le principe d'égalité ne s'applique qu'aux agents d'un même corps ou cadre d'emploi dans des situations similaires. Elle a conclu que Mme D..., ayant opté pour le nouveau corps, ne pouvait pas invoquer une rupture d'égalité par rapport à ceux qui étaient restés dans leur corps d'origine. La cour a noté : « le principe d'égalité n'implique pas que des personnes se trouvant dans des situations différentes soient traitées de manière identique. »
Interprétations et citations légales
1. Droit d'option : La loi n° 2010-751 du 5 juillet 2010, article 37, a permis aux fonctionnaires de choisir entre le maintien dans leur corps d'origine ou l'intégration dans un nouveau corps. Cette option a des implications directes sur les droits financiers des agents, comme le souligne la cour : « Ce droit d'option a été ouvert durant une période de six mois à compter de la date de publication du décret du 29 septembre 2010. »
2. Effets de l'avancement d'échelon : Le décret n° 2010-1139 du 29 septembre 2010 et l'arrêté du même jour fixent l'échelonnement indiciaire du nouveau corps. La cour a interprété que l'avancement d'échelon ne pouvait être rétroactif avant la date de création du corps, ce qui est en accord avec le principe de non-rétroactivité des actes administratifs.
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que les frais d'instance peuvent être mis à la charge de la partie perdante. La cour a décidé de ne pas faire droit à la demande de Mme D... ni à celle du centre hospitalier, considérant que ce dernier n'était pas la partie perdante dans cette instance.
En conclusion, la décision de la cour administrative d'appel repose sur une interprétation stricte des textes législatifs et réglementaires, ainsi que sur une application rigoureuse des principes d'égalité et de non-rétroactivité.