Résumé de la décision
Le 20 décembre 2017, le préfet d'Ille-et-Vilaine a décidé de transférer M. A..., un ressortissant soudanais, aux autorités italiennes responsables de sa demande d'asile. Cependant, un jugement du 5 janvier 2018 a annulé cette décision de transfert. Le préfet a alors interjeté appel. La juridiction a constaté que le transfert n’avait pas été exécuté dans le délai légal de six mois, devenu caduc en raison de l'introduction d'un recours suspensif. Dès lors, la France est devenue responsable de la demande d'asile de M. A... Le tribunal a aussi validé la mise à charge de l'État d'une somme de 700 euros au titre des frais engagés.
Arguments pertinents
1. Caducité de la décision de transfert : Le tribunal a déclaré que la décision de transfert du préfet était devenue caduque, car le délai de six mois, interrompu par le recours, avait recommencé à courir à partir du jugement du 5 janvier 2018. Par conséquent, la France est désormais responsable de M. A... pour son admission à l'asile. La décision précise que "la France est donc devenue responsable de la demande d'asile sur le fondement des dispositions du 2 de l'article 29 du règlement n°604-2013".
2. Justification des frais engagés : Concernant la mise à charge de l'État d'une somme pour le remboursement des frais, le jugement a été maintenu car il n'y avait pas eu d’appréciation manifestement exagérée des frais liés au litige.
Interprétations et citations légales
1. Règlement n° 604-2013 :
- L'article 29 stipule que "le transfert du demandeur [...] s'effectue [...] après concertation entre les Etats membres concernés, dès qu'il est matériellement possible et, au plus tard, dans un délai de six mois". Cette disposition établit le cadre légal pour les transferts des demandeurs d'asile au sein de l'UE et précise les conditions de responsabilité entre États membres.
2. Caducité des décisions en cas de recours suspensif : L'interprétation du tribunal est que le délai de six mois, interrompu par le recours, doit recommencer une fois que le tribunal a statué sur ce recours. Ce point de vue se base sur "lorsque le délai de six mois [...] a été interrompu par l'introduction d'un recours suspensif, il recommence à courir à compter de la décision juridictionnelle statuant sur ce recours."
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 et Code de justice administrative - L. 761-1 : Ces textes régissent le remboursement des frais engagés par un justiciable, affirmant que l'État peut être condamné à rembourser les frais si le jugement est favorable au requérant. Ici, la décision de 700 euros imposée à l’État repose sur la constatation que les frais n'ont pas été jugés excessifs.
La décision examine ainsi les implications du non-respect des délais légaux dans les procédures d'asile, en tenant compte des mécanismes de protection judiciaire disponibles pour les demandeurs.